La République démocratique du Congo (RDC) a vivement réagi à la nomination, le 15 août, d’un consul général kényan à Goma, Judy Kiaria Nkumiri. Kinshasa qualifie cette décision d’« inappropriée », rappelant que la ville est sous occupation depuis sept mois par les rebelles du M23, appuyés par le Rwanda. L’annonce du président kényan William Ruto a immédiatement déclenché un tollé dans la capitale congolaise.
Le gouvernement congolais affirme n’avoir reçu aucune notification officielle préalable de la part de Nairobi. La cheffe de la diplomatie congolaise a dû s’entretenir en urgence avec son homologue kényan afin de clarifier la position de chaque partie. Dans un communiqué, Kinshasa a rappelé que toute nomination consulaire étrangère doit obtenir son agrément avant d’être rendue publique. Elle a exhorté le Kenya à faire preuve de prudence pour éviter « toute apparence de légitimation » de l’occupation des territoires congolais.
Cette tension s’inscrit dans un climat déjà marqué par la méfiance. L’Est de la RDC est ravagé depuis des décennies par des rébellions soutenues de l’extérieur. Le M23, réapparu en force depuis 2022, contrôle aujourd’hui des zones stratégiques autour de Goma. Le rôle ambigu de certains pays de la région, dont le Rwanda accusé d’appuyer militairement le mouvement, alimente les soupçons. Le Kenya, qui avait pourtant joué un rôle de médiateur dans les négociations de paix, se retrouve désormais accusé par Kinshasa de fragiliser sa souveraineté.
La décision de Nairobi risque de compliquer davantage les relations avec Kinshasa, déjà éprouvées par les échecs des processus de paix successifs. Si la RDC maintient sa position ferme, les échanges diplomatiques et économiques entre les deux pays pourraient être remis en question. L’épisode pourrait également accentuer le sentiment de méfiance des Congolais à l’égard de certains voisins de la région, accusés de privilégier leurs intérêts stratégiques au détriment de la stabilité du pays.
Pour le mouvement citoyen LUCHA, la réaction du gouvernement congolais est trop timorée. Le collectif demande la suspension pure et simple des relations diplomatiques et économiques avec Nairobi. Selon lui, la démarche kényane constitue un « affront » au droit international et risque de banaliser l’occupation militaire d’une partie du territoire national. En s’exprimant ainsi, LUCHA traduit une inquiétude partagée par de nombreux Congolais : celle de voir leur pays une fois de plus instrumentalisé par des calculs géopolitiques régionaux.