Du 14 au 16 juin 2022, les travaux, pilotés par la coopération allemande (Giz) en collaboration avec l’Autorité du bassin du Niger (Abn), ont connu la participation d’une trentaine de personnes dont des experts étrangers et les représentants des ministères de l’Eau, des Affaires étrangères, de l’Economie, du Commerce, de l’Agriculture et de l’élevage, etc.
C’est que, plus de 70% de la population du bassin vit dans des zones où la sécurité alimentaire dépend de précipitations incertaines et de modèles climatiques changeants, d’une production agricole à petite échelle ainsi que de biomasse et d’écosystèmes menacés. Seul un habitant sur trois a accès à l’électricité. L’utilisation concurrente des ressources, leur dégradation ou encore la pression exercée par les populations sur les sources de nourriture, d’énergie et d’eau se répercutent sur les plus vulnérables, entrainant conséquemment l’insécurité et la migration.
L’objectif du projet est d’appuyer l’Abn et les États membres dans l’introduction de l’approche Nexus dans la gestion du bassin. Cela implique une perspective globale des ressources disponibles, ainsi que la mise en œuvre de politiques et de projets intersectoriels. Le mandat de l’Abn est clairement formulé dans le sens de cette approche et le partenaire dispose des instruments pour sa réalisation.
Défi
L’approche Nexus implique de considérer la totalité des ressources disponibles pour la sécurité alimentaire, énergétique et hydrique, et de planifier de manière holistique leur utilisation de façon à répondre aux besoins des populations d’une part, et de préserver l’environnement d’autre part. L’introduction de l’approche Nexus dans la planification de projets du bassin permet d’éviter les impacts indésirables sur d’autres secteurs et d’éventuels conflits entre ces secteurs, améliorer l’efficacité dans l’utilisation des ressources naturelles en tant que moyens de subsistance humaine, tout en préservant les écosystèmes, mobiliser des fonds destinés aux projets Nexus.
Le bassin du Niger est le troisième plus grand bassin sur le continent africain. Il abrite plus de 130 millions de personnes qui dépendent fortement de ses eaux, sols et forêts pour accéder à l’eau potable, à la sécurité alimentaire et à la production d’énergie. Des neuf pays composant le bassin – Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Niger, et Nigeria – six sont considérés comme pays les moins avancés.
Afin d’augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources en tirant partie des synergies intersectorielles intégrées sur le plan opérationnel de l’Abn tout en réduisant les impacts potentiellement négatifs de certains projets sur d’autres à long terme, l’approche Nexus nécessite une institutionnalisation dans le travail de l’Abn. C’est-à-dire qu’au niveau politique, des décideurs politiques comprennent l’approche et sont sensibilisés à prendre des décisions en faveur des synergies intersectorielles, pendant que les cadres et les experts techniques ont le savoir-faire à utiliser des outils et modèles proposés afin de montrer des impacts potentiels d’un projet sur le bassin, et ou sur les autres projets du plan opérationnel.
Visées
Selon la Giz, « ceci va être atteint précisément, à travers l’adoption d’une résolution Nexus par le conseil des ministres et des chefs d’Etat de l’Abn en 2022 ; et d’autre part par un renforcement des capacités au niveau de l’Abn et les pays membres. » Ainsi, l’objectif général de l’atelier a été de poursuivre au niveau national le dialogue Nexus eau-énergie-sécurité alimentaire en préparation d’une résolution Nexus afin de garantir l’application continue de l’approche Nexus dans la planification, l’élaboration des politiques et la mise en œuvre des investissements.
Spécifiquement, il s’est, notamment, agi de présenter et de discuter des critères et principes Nexus afin de préparer une version finale pendant les réunions stratégiques du comité technique des experts pour le processus d’intégration du Nexus dans les discussions et déclarations des ministres et chefs d’Etat de l’Abn ; de renforcer les capacités des parties prenantes nationales en matière de planification, de financement et d’élaboration de politiques et de mise en œuvre suivant l’approche Nexus ; de sensibiliser et renforcer les acteurs concernés à accélérer et à mobiliser le financement des projets Nexus eau-énergie-sécurité alimentaire ; de sensibiliser le Cameroun sur l’importance de l’adhésion à la convention internationale de l’eau de 1992.
Thierry Christophe Yamb