L’opposant gabonais Bilie By Nze a vivement critiqué, le 19 août, la gestion du pays depuis la présidentielle d’avril. L’ancien candidat accuse le pouvoir d’entretenir un « écran de fumée » destiné à masquer la gravité des difficultés sociales et économiques actuelles. Face à ce qu’il décrit comme des incohérences persistantes, il avance un ensemble de propositions pour protéger les droits des citoyens et restaurer la cohérence institutionnelle.
Bilie By Nze s’est insurgé contre l’annonce de la fin de la géopolitique dans les nominations, qu’il considère comme une remise en cause de l’héritage de Léon Mba. Selon lui, cette décision est contredite par les récentes désignations de délégués spéciaux et de généraux, choisis en fonction de leur origine géographique. Sur le plan économique, il juge irréaliste l’objectif gouvernemental d’atteindre 10 % de croissance, estimant que ce chiffre contredit les prévisions des institutions financières internationales. Il a également dénoncé l’attribution massive de marchés publics de gré à gré, la réduction des bourses d’études et l’absence de transparence sur les budgets provinciaux.
Ces déclarations interviennent dans un climat de méfiance persistante depuis la présidentielle d’avril 2025. La Cour constitutionnelle n’a pas encore tranché sur le recours de son parti concernant le calendrier électoral, ce qui alimente, selon lui, une « mise sous sarcophage » du processus. L’opposant compare la situation actuelle à une dérive institutionnelle où le pouvoir se ferme au débat démocratique, dans un pays encore marqué par l’héritage de la famille Bongo et des tensions post-électorales récurrentes.
Pour répondre à cette impasse, Bilie By Nze propose quatre axes d’action : clarifier le statut des grandes villes comme Libreville avant toute réforme de l’autochtonie, instaurer des minima sociaux afin de protéger le pouvoir d’achat face à l’inflation, renforcer l’Université Omar Bongo pour compenser la réduction des bourses internationales, et garantir un financement équitable de la vie politique, afin que toutes les formations disposent des mêmes moyens d’expression.
L’opposant a par ailleurs accusé le pouvoir d’utiliser la justice comme outil politique. Il a cité les affaires visant la famille Bongo et critiqué l’ordonnance d’amnistie récemment adoptée par l’exécutif. Il a également alerté sur les menaces qui pèsent sur les journalistes et militants critiques du régime, y voyant un danger direct pour la liberté d’expression et la vitalité démocratique du pays.
Malgré ses attaques contre le pouvoir, Bilie By Nze a confirmé que son parti présentera une vingtaine de candidatures législatives et une quinzaine de listes locales lors des prochains scrutins. Il a précisé qu’il ne briguerait pas de siège personnellement. Ces annonces marquent une volonté de maintenir une présence active dans le débat politique, dans un contexte où le gouvernement prépare les élections législatives et locales prévues dans les prochains mois.