Les ex-combattants du mouvement 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation), officiellement dissous depuis un mois, accusent les mercenaires russes de Wagner d’avoir violé l’accord de paix signé à Bangui le 10 juillet dernier. Dans une vidéo diffusée le 18 août, leur coordonnateur politique, Yaya Adamou, a affirmé que plusieurs positions du groupe avaient été prises pour cible, malgré leur engagement au processus de désarmement.
La vidéo, tournée dans une forêt et devenue virale sur les réseaux sociaux, montre une vingtaine d’hommes armés. Adamou y détaille deux attaques récentes. Le 10 août, une base des 3R à Pukpou aurait été incendiée et pillée par des combattants russes. Le 18 août, un nouvel assaut à Choura, près de Bossemptélé, aurait fait un mort et trois blessés, dont deux grièvement. Les ex-rebelles affirment s’être repliés non par peur, mais par respect des engagements de paix.
L’accord signé à Ndjamena en avril et entériné à Bangui en juillet devait tourner la page d’années de violences dans l’ouest de la Centrafrique, où les 3R figuraient parmi les groupes armés les plus actifs. La dissolution du mouvement devait marquer une étape importante dans la pacification du pays. Mais les accusations actuelles relancent les inquiétudes sur la capacité du gouvernement et de ses alliés étrangers à garantir la sécurité des anciens combattants intégrés dans le processus.
Selon Adamou, ces attaques compromettent directement le bon déroulement du désarmement. Les 3R appellent les garants de l’accord, ainsi que l’État centrafricain, à prendre des mesures urgentes pour éviter une reprise des hostilités. « Ce genre d’action risque de mettre en feu le processus en cours », prévient le coordonnateur politique. Le gouvernement a pour l’heure promis de réagir ultérieurement, sans donner de détails.
La présence des mercenaires russes en Centrafrique, officiellement présentés comme instructeurs militaires, alimente depuis plusieurs années les tensions. Souvent accusés d’exactions contre les civils et les groupes armés, leur rôle exact dans la sécurisation du territoire reste opaque. Dans ce contexte, les accusations des ex-3R viennent rappeler les fragilités d’un processus de paix où les équilibres locaux se heurtent aux agendas internationaux.