Le gouvernement sénégalais a exprimé son désaccord face aux sanctions imposées par les États-Unis à quatre magistrats de la Cour pénale internationale (CPI), parmi lesquels figure le juge sénégalais Mame Mandiaye Niang. Dakar considère ces mesures comme une atteinte grave à l’indépendance de la justice internationale et appelle Washington à les retirer sans délai.
Dans un communiqué officiel, les autorités sénégalaises ont rappelé que les juges de la CPI exercent un mandat confié par les 125 États parties au Statut de Rome. Premier pays à avoir ratifié ce traité fondateur, le Sénégal a réaffirmé sa solidarité avec M. Niang et ses collègues, tout en réitérant son soutien indéfectible à la Cour. Dakar exhorte les autres États membres à se mobiliser afin de garantir que les magistrats puissent remplir leurs fonctions à l’abri de pressions extérieures.
Le Sénégal n’a jamais caché son rôle de défenseur du système pénal international. En accueillant le premier procès de la CPI et en s’impliquant activement dans les débats multilatéraux, Dakar a construit une image de pionnier en matière de justice internationale. L’affaire actuelle met cependant en lumière la vulnérabilité de l’institution face aux contestations d’acteurs majeurs comme les États-Unis, qui refusent toujours de reconnaître la compétence de la Cour.
Les sanctions américaines ciblent quatre magistrats, dont le Français Nicolas Guillou, la Fidjienne Nazhat Shameem Khan, le Sénégalais Mame Mandiaye Niang et la Canadienne Kimberly Prost. Elles interviennent après l’émission par la CPI de mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant et un chef du Hamas, dans le cadre du conflit à Gaza. Washington, tout comme Tel-Aviv, considère ces poursuites comme illégitimes et les décrit comme une « guerre juridique » dirigée contre ses alliés.
Le Premier ministre sénégalais a tenu à saluer publiquement la fermeté du président Bassirou Diomaye Faye, en soulignant son rôle de défenseur de la justice internationale et de protecteur des magistrats nationaux. Il a rappelé avoir rencontré M. Niang à Dakar, louant son engagement envers les principes de la justice. Pour les autorités sénégalaises, il s’agit d’un enjeu de souveraineté et de crédibilité internationale : faire face aux « mesures injustes et infondées » venues de Washington.
Aux États-Unis, les partisans de ces sanctions, à l’image du sénateur Marco Rubio, justifient leur démarche par la nécessité de protéger la souveraineté nationale. Selon eux, la CPI outrepasse ses prérogatives en cherchant à enquêter et poursuivre des ressortissants américains et israéliens. Cette position, assumée de longue date par Washington, illustre la fracture persistante entre l’universalité revendiquée par la CPI et la logique de puissance défendue par certains États.