Un ressortissant ukrainien, identifié comme Serhii K., a été arrêté en Italie à la demande de la justice allemande. Selon un mandat d’arrêt cité par la chaîne publique allemande ARD, il est soupçonné d’avoir joué un rôle central dans le sabotage des gazoducs Nord Stream en mer Baltique. Les enquêteurs estiment qu’il aurait non seulement participé à l’opération, mais également dirigé le groupe chargé de la mission.
D’après ce document, l’homme aurait embarqué sur le yacht Andromeda en compagnie de quatre plongeurs et d’un spécialiste en explosifs. Ensemble, ils auraient déposé des charges de 14 à 27 kilos sur les conduites Nord Stream 1 et 2, à une profondeur de 70 à 80 mètres. Après l’opération, Serhii K. aurait quitté le navire avant d’être exfiltré vers l’Ukraine. Si les accusations sont confirmées, il encourt jusqu’à 15 ans de prison.
L’affaire s’inscrit dans le contexte explosif des enquêtes autour du sabotage survenu en septembre 2022, qui avait gravement endommagé les infrastructures énergétiques reliant la Russie à l’Europe. Ces explosions avaient nourri de nombreuses spéculations, Moscou et Kiev s’accusant mutuellement, tandis que plusieurs pays européens évoquaient la possibilité d’une opération clandestine menée par des acteurs étatiques ou para-étatiques. La piste ukrainienne, désormais renforcée par cette arrestation, alimente un débat politique et diplomatique déjà tendu.
L’Allemagne, chef de file de l’enquête, devra désormais étayer ses soupçons par des preuves solides. Si Serhii K. est extradé et jugé, son procès pourrait lever une partie du voile sur une affaire qui reste entourée d’incertitudes. Mais il est tout aussi probable que le dossier demeure marqué par des zones d’ombre, tant les enjeux stratégiques sont élevés. En cas de condamnation, l’homme risque une peine lourde, mais le procès pourrait aussi mettre en lumière des complicités ou des responsabilités plus larges.
Le sabotage des Nord Stream ne fut pas un simple acte criminel, mais un événement aux conséquences géopolitiques majeures. La destruction partielle de ces gazoducs a bouleversé l’approvisionnement énergétique de l’Europe, déjà fragilisé par la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie. L’affaire a contribué à renforcer la dépendance européenne au gaz liquéfié importé, en particulier des États-Unis, et à modifier les équilibres énergétiques sur le continent.
L’identité précise des commanditaires reste inconnue. Les enquêtes menées par l’Allemagne, le Danemark et la Suède avancent lentement et dans une relative opacité, alimentant les spéculations. La mise en cause de cet Ukrainien pourrait donner un tournant à l’affaire, mais elle ne suffira pas, à elle seule, à répondre à la question centrale : qui avait intérêt à saboter les Nord Stream, et dans quel but ?