Plus de trois mois après la démission de l’ancienne équipe ministérielle, le Togo n’a toujours pas de nouveau gouvernement. Le départ du précédent cabinet le 2 mai dernier, à la veille de l’investiture de Faure Gnassingbé comme président du Conseil, laisse place à une situation d’incertitude politique prolongée.
Depuis le 3 mai, le chef de l’État, désormais président du Conseil des ministres, détient la prérogative de nommer une nouvelle équipe. Mais à ce jour, aucune liste officielle n’a été communiquée. Qui sera reconduit ? Quels nouveaux visages intégreront l’exécutif ? Ces questions alimentent les spéculations et renforcent le sentiment d’attente dans le pays. Pendant ce temps, l’équipe sortante continue de gérer les affaires courantes.
Cette transition gouvernementale s’inscrit dans un contexte institutionnel marqué par le passage à la cinquième République, qui a transformé le régime présidentiel en régime parlementaire. Cette révision constitutionnelle reste vivement contestée par une partie de l’opposition et de la société civile. Plusieurs manifestations ont eu lieu en juin pour dénoncer ce nouveau cadre, et d’autres sont encore annoncées.
L’absence prolongée d’un gouvernement met en lumière les difficultés liées à la mise en place de la nouvelle architecture politique. Pour l’opposition, ce retard illustre les blocages rencontrés par le pouvoir. Certains analystes estiment que la contestation persistante complique la constitution d’une équipe ministérielle capable d’incarner un renouvellement politique, comme l’exige le nouveau cadre institutionnel.
Le front « Touche pas à ma Constitution », par la voix de Nathaniel Olympio, y voit la preuve de tensions internes et de difficultés à trouver un consensus sur la future équipe. Le politologue Madi Djabakaté estime pour sa part que « la réalité, c’est que le gouvernement de la quatrième République reste toujours actif », soulignant l’inadéquation entre la réforme constitutionnelle et sa mise en œuvre concrète.
Pour relativiser la situation, certains rappellent que d’autres pays ont déjà connu de longues périodes sans gouvernement effectif. L’exemple de la Belgique, évoqué par l’ancien ministre du Travail Gilbert Bawara, illustre cette possibilité : le pays avait fonctionné plus d’un an avec un exécutif chargé uniquement d’expédier les affaires courantes. Reste que pour le Togo, l’attente fragilise un processus politique déjà contesté et nourrit les incertitudes sur la solidité de la nouvelle République.