Abdoul Aziz Goma, ancien détenu victime de tortures ayant provoqué une paralysie partielle, a annoncé le 27 août 2025 le début d’une grève de la faim illimitée. Dans un courrier adressé au professeur David Dosseh, coordinateur du mouvement Togo Debout, il conditionne l’arrêt de son action à la libération de tous les prisonniers politiques recensés au Togo. L’Association des victimes de la torture (ASVITTO) estime leur nombre à une centaine.
Au-delà de l’exigence de libération, Goma dénonce les conditions carcérales dans le pays : surpopulation, mauvais traitements, absence de soins et violations répétées des procédures judiciaires. Selon lui et ses soutiens, ces pratiques renforcent un climat de terreur visant à dissuader toute contestation du pouvoir en place. Plusieurs décès en détention ont déjà été signalés, attribués à la combinaison de la négligence médicale et des violences.
Interrogé par RFI, Atcholi Kao, président de l’ASVITTO, rappelle que les décisions de la CEDEAO et les procédures spéciales de l’ONU ordonnent la libération des détenus concernés. Pourtant, le gouvernement togolais maintient leur incarcération. « Nous sommes face à des détentions arbitraires », insiste-t-il, en soulignant le caractère inquiétant de la situation.
Cette grève de la faim pourrait placer les autorités togolaises devant un dilemme : céder à la pression et engager des libérations, ou maintenir une ligne dure au risque d’aggraver la crise des droits humains. L’évolution de l’état de santé d’Abdoul Aziz Goma sera déterminante. Son action pourrait rallier davantage d’organisations internationales, accentuant l’isolement diplomatique de Lomé.
Au-delà du cas Goma, cette mobilisation met en lumière la fragilité de l’État de droit au Togo. Les dénonciations de tortures, de procès inéquitables et de violations répétées des décisions judiciaires régionales s’inscrivent dans un contexte politique marqué par la défiance. L’ASVITTO, qui suit de près la grève, attend de voir si la communauté internationale saura contraindre le pouvoir à agir.