Cotonou est devenue, le temps d’une semaine, la capitale africaine de la lutte contre le changement climatique. Le 6ᵉ sommet Climate Chance Afrique s’y est ouvert ce lundi 27 octobre 2025, rassemblant responsables politiques, experts et acteurs de la société civile autour d’un objectif commun : accélérer l’action climatique sur le continent. La cérémonie d’ouverture, tenue dans une Salle rouge du Palais des Congrès bondée, a réuni plusieurs ministres, diplomates, élus locaux et militants écologistes venus de tout le continent.
En ouvrant le sommet, Luc Atrokpo, maire de Cotonou et président de l’Association nationale des communes du Bénin (ANCB), a donné le ton. « Nous refusons de subir, nous choisissons d’agir », a-t-il lancé, en appelant à une mobilisation continentale face aux défis climatiques. Pour lui, Cotonou n’est pas seulement une ville côtière menacée par la montée des eaux, mais une métaphore de l’Afrique : « vulnérable, mais debout ; blessée, mais jamais vaincue ». Il a évoqué les politiques locales de reboisement, la lutte contre les inondations et l’engagement pour une urbanisation durable. « Ici se tisse un dialogue entre développement et durabilité », a-t-il résumé.
Prenant la parole à son tour, Ronan Dantec, président de Climate Chance et sénateur français, a rappelé la vocation du sommet : faire de cette rencontre un espace de coordination entre acteurs non étatiques africains et internationaux. « Un sommet Climate Chance n’est pas un simple moment d’échanges, c’est un temps collectif qui doit structurer le débat international et influencer les décisions mondiales », a-t-il insisté. Revenant sur les précédents sommets d’Agadir et de Yaoundé, il a souligné l’importance des coalitions africaines qui, dès 2016, ont porté des déclarations largement signées appelant à une gouvernance climatique inclusive.
Cette édition se tient à quelques jours de la COP de Belém, au Brésil, dix ans après la COP de Paris qui avait suscité un immense espoir. Dantec a rappelé que l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, avec une hausse moyenne de 1,5 °C selon l’Organisation météorologique mondiale. Dans ce contexte, il a insisté sur le rôle stratégique de l’Afrique dans la lutte climatique. Si le continent ne représente que 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, il reste parmi les plus exposés à leurs conséquences. D’où son appel à un renforcement de la coopération Afrique-Europe, les deux continents partageant à la fois vulnérabilités et responsabilités.
En clôturant la cérémonie, Raphaël Akotègnon, ministre béninois de la Décentralisation, a salué l’engagement du gouvernement pour une transition énergétique durable. Il a mis en avant les programmes nationaux dans le solaire et les énergies propres, rappelant que « l’Afrique n’est pas seulement victime du changement climatique ; elle en est aussi la solution ». Pour le ministre, ce sommet doit permettre de faire émerger des projets concrets au niveau local, capables d’allier développement économique, justice climatique et résilience des territoires.
Au-delà des allocutions, le sommet de Cotonou marque la volonté des villes africaines de ne plus rester en marge du débat climatique mondial. Les discussions prévues en ateliers porteront sur la planification urbaine, l’accès à l’énergie et la gouvernance environnementale. Objectif : transformer les engagements politiques en actions locales mesurables. Pour Luc Atrokpo, ce sommet symbolise la conviction que « l’avenir du climat mondial se joue aussi dans les villes africaines ».



