La Nigerian National Petroleum Company (NNPC) a officiellement lancé un nouveau processus de recrutement de partenaires techniques et financiers pour relancer ses trois raffineries publiques à l’arrêt. Cette initiative vise à mettre un terme à des décennies de gabegie financière et d’inefficacité qui ont contraint le premier producteur de pétrole d’Afrique à importer la majeure partie de ses carburants, malgré ses immenses ressources en brut.
Le directeur général de la NNPC, Bayo Ojulari, a annoncé une revue technique et commerciale des sites de Port Harcourt, Warri et Kaduna, dont la capacité combinée s’élève à 445 000 barils par jour. L’objectif est de sélectionner des entités disposant d’une expertise avérée dans l’exploitation de raffineries aux standards internationaux. Contrairement aux tentatives précédentes, la NNPC privilégie cette fois un modèle de partenariat en capital, permettant à des investisseurs étrangers d’entrer au capital des infrastructures en échange d’un rôle opérationnel et technique.
Ce nouveau projet s’inscrit dans une longue histoire d’échecs cuisants. Au cours de la dernière décennie, plus de 25 milliards de dollars ont été investis en vain dans la réhabilitation de ces installations. Aujourd’hui, seules quelques unités de la raffinerie de Port Harcourt ont fonctionné brièvement, tandis que les sites de Warri et Kaduna sont restés totalement inactifs. Cette incapacité chronique à exploiter ses outils de raffinage a engendré une dépendance aux importations, une vulnérabilité aux chocs des prix internationaux et un fardeau fiscal récurrent lié aux subventions aux carburants.
Les perspectives de ce nouveau plan sont doublees. À moyen terme, une réussite permettrait au Nigeria de réaliser son vieux rêve d’autosuffisance en produits pétroliers, renforçant sa sécurité énergétique et réduisant sa facture d’importation. Combinée à l’entrée en activité de la méga-raffinerie de Dangote (650 000 b/j), la relance des raffineries publiques pourrait même positionner le pays comme un exporteur régional. Cependant, l’introduction récente d’une taxe de 15% sur les carburants importés, destinée à protéger la future production locale, risque d’aggraver à court terme l’inflation et les tensions sociales, dans un contexte déjà marqué par une flambée du coût de la vie.
Le scepticisme reste de mise parmi les observateurs aguerris. Le milliardaire Aliko Dangote, dont la propre raffinerie incarne une approche radicalement différente, a fustigé les tentatives de sauvetage des vieilles infrastructures publiques, les comparant à une vaine tentative de moderniser “une voiture construite il y a 40 ans”. Ce commentaire souligne le défi technologique et la possible obsolescence irrémédiable des actifs de la NNPC.
La réussite de cette nouvelle stratégie dépendra de la capacité de la NNPC à attirer des partenaires de premier plan et à leur concéder une réelle autonomie de gestion, rompant avec les pratiques opaques et les ingérences politiques du passé. Pour l’administration Tinubu, l’enjeu est de taille : démontrer que la gestion du secteur pétrolier public peut enfin échapper à la malédiction de l’inefficacité et contribuer durablement à la prospérité nationale.

 
  
  
  

