La Banque mondiale a lancé un appel pressant aux dirigeants africains pour qu’ils accélèrent la transformation numérique du continent, mettant en garde contre le risque de voir la promesse technologique rester lettre morte sans des actions concrètes et immédiates.
Ousmane Diagana, vice-président de l’institution pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a souligné lors d’un sommet régional à Cotonou que cette transformation exigeait une approche multidimensionnelle. Il a identifié trois priorités : réduire la fracture numérique par un accès élargi à internet, rendre les smartphones et services financiers digitalisés véritablement abordables, et investir massivement dans les infrastructures numériques fondamentales, notamment les systèmes d’identité et de paiement.
Cet appel s’inscrit dans un contexte où l’Afrique accuse un retard significatif en matière de connectivité et de maturité numérique. Malgré une croissance rapide de l’utilisation mobile, près de 30% de la population reste hors de toute couverture réseau. Les objectifs de l’Union africaine, qui ambitionne une transformation complète des sociétés et économies d’ici 2030, semblent hors de portée sans une accélération radicale des investissements et des réformes structurelles.
Les perspectives de développement dépendront de la capacité des gouvernements à créer un environnement propice. Une régulation équilibrée, encourageant l’innovation tout en protégeant les utilisateurs, est présentée comme un levier essentiel pour bâtir la confiance des citoyens et attirer les investisseurs privés. Le succès ou l’échec de cette transition conditionnera la résilience économique future du continent et son insertion dans l’économie mondiale.
Le sommet de Cotonou, qui réunit une centaine de participants issus d’une vingtaine de pays, constitue une plateforme cruciale pour harmoniser les stratégies nationales et régionales. Ces concertations sont vitales pour éviter la fragmentation des marchés numériques et pour mutualiser les efforts sur des projets d’infrastructures transfrontalières.
Au delà des déclarations d’intention, l’enjeu réside désormais dans la mise en œuvre effective des engagements. Les observateurs pointent la lourdeur administrative, l’inadéquation des cadres juridiques et le manque de financements domestiques comme des obstacles récurrents. La concrétisation de cette feuille de route nécessitera un suivi rigoureux et une redevabilité accrue des acteurs politiques.
In fine, la transformation numérique de l’Afrique représente bien plus qu’un simple enjeu technologique. Elle incarne un impératif de développement économique et social. Son accélération est une condition sine qua non pour créer des emplois, améliorer la fourniture des services publics et permettre au continent de tirer pleinement parti de la révolution de l’intelligence artificielle.



