Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a reçu, mardi, la direction du Parti patriote africain du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF) dans le but officiel d’apaiser des tensions internes nées d’une restructuration contestée de la coalition au pouvoir. Cette rencontre, qualifiée de « fraternelle » par le communiqué du parti, intervient pour calmer une crise ouverte après la mise à l’écart d’Aïssatou Mbodj de la tête de la coalition « Diomaye Président ».
La crise a éclaté le 11 novembre avec l’annonce du remplacement d’Aïssatou Mbodj par l’ancienne Première ministre Aminata Touré pour piloter la restructuration de la coalition. Le PASTEF a immédiatement contesté la légitimité du président Faye à démettre Mbodj et a pris ses distances avec Touré, affirmant ne pas partager « les mêmes valeurs et principes ». La réunion de mardi, conduite par le secrétaire général du PASTEF, Ayib Daffé, a donc porté sur le renforcement de la cohésion interne et la solidité du tandem présidentiel formé avec le Premier ministre Ousmane Sonko.
Ces tensions s’inscrivent dans le contexte plus large de la recomposition de la majorité présidentielle, qui a vu la coalition « Diomaye Président » succéder en mars 2024 à Benno Bokk Yakaar (BBY) et à son candidat, Amadou Bâ. Cette transition n’a pas effacé les équilibres de pouvoir et les sensibilités politiques héritées de la campagne. La question du contrôle des appareils et des futures investitures électorales agite les coulisses du pouvoir, révélant les fragilités d’une alliance hétéroclite qui doit gouverner.
La perspective immédiate est celle d’une trêve précaire. Si les communiqués officiels affichent l’unité retrouvée, la restructuration de la coalition reste un chantier sensible. La capacité d’Aminata Touré à mener à bien sa mission, sans l’aval explicite du PASTEF, constituera un premier test. À plus long terme, cet épisode questionne la pérennité de l’alliance entre la technostructure incarnée par Diomaye Faye et la base militante fidèle à Ousmane Sonko, dont le PASTEF se veut le gardien.
Pour contrer les rumeurs de division, une communication offensive a été déployée. La porte-parole adjointe du PASTEF, Marie Rose Khady Fatou Faye, a dénoncé des « manœuvres malhonnêtes et indignes » visant à semer le doute dans l’opinion. Elle a décrit une ambiance « plus que cordiale » lors de la rencontre et assuré avoir vu « deux grands hommes conscients des enjeux et déterminés à avancer ensemble ». Cette narration vise à projeter une image de maîtrise et d’union indéfectible.
Le même jour, le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Guirassy, a salué « l’ambiance détendue mais exigeante » du Conseil des ministres, le qualifiant de l’un des plus « inspirants » de sa carrière. Ces prises de parole coordonnées, tant du côté du parti que du gouvernement, semblent orchestrées pour rassurer l’opinion et les partenaires sur la solidité du front présidentiel. Elles révèlent cependant une sensibilité accrue à la perception publique des dissensions, dans un pays où la stabilité politique reste un marqueur essentiel.



