Félix Tshisekedi et Paul Kagame ont signé à Washington un accord de paix sous l’égide de Donald Trump, malgré la poursuite des combats en République démocratique du Congo. Le président américain a présenté ce texte comme un tournant majeur. Les deux dirigeants africains ont affiché une prudence évidente et n’ont échangé aucun signe de rapprochement lors de la cérémonie.
Arrivés séparément dans la capitale américaine, Tshisekedi et Kagame ont été reçus à huis clos à la Maison Blanche avant de parapher l’accord devant les caméras à l’Institut des États-Unis pour la paix, récemment rebaptisé Institut Donald Trump pour la paix. Paul Kagame a rappelé que la mise en œuvre connaîtrait des obstacles. Son homologue congolais a parlé d’un parcours difficile mais nécessaire. Donald Trump, lui, a vanté un accord puissant qui marquerait selon lui un grand miracle.
Cette signature intervient alors que les relations entre Kinshasa et Kigali demeurent profondément dégradées, sur fond d’accusations congolaises d’un soutien rwandais au M23. Les tentatives précédentes de médiation n’ont jamais abouti à une désescalade durable. Washington cherche depuis des mois à reprendre la main dans ce dossier, y voyant à la fois un enjeu stratégique et une opportunité économique dans les zones riches en minerais de la RDC.
Donald Trump a assuré que l’accord ouvrirait une phase nouvelle, faite de coopération et d’investissements mutuels. Il a affirmé que les deux dirigeants passeraient plus de temps ensemble à l’avenir. Pourtant, la froideur affichée pendant la signature et l’absence de contact direct entre Kagame et Tshisekedi montrent que la confiance reste inexistante. La mise en œuvre concrète dépendra donc de la capacité des deux pays à dépasser leurs divergences sur le terrain.
Le président américain a insisté sur l’intérêt économique pour les États-Unis, évoquant un accès privilégié offert à certaines entreprises américaines pour explorer les ressources minières congolaises. Cette dimension constitue un élément central du soutien de Washington, même si le contenu exact des clauses économiques n’a pas été détaillé publiquement. Pour une partie du public américain, Trump cherche aussi à présenter cet accord comme une réussite diplomatique alors qu’il traverse une période politique délicate.
Selon le chercheur congolais Reagan Miviri, cette signature est avant tout le résultat d’une pression forte exercée par Washington. L’événement lui-même compterait plus que le texte signé, qui formalise des engagements déjà actés en juin. Le cérémonial, pensé comme une vitrine diplomatique, souligne le rôle central que l’administration Trump entend jouer dans la région. Reste à savoir si cette dynamique produira une réelle désescalade ou si elle ne restera qu’une annonce de plus dans un conflit qui dure depuis plus de deux décennies.



