Le constructeur chinois BYD, leader mondial des véhicules électriques, accélère brutalement son implantation en Afrique du Sud. Le groupe vise désormais 35 points de vente officiels d’ici au premier trimestre 2026, un calendrier avancé de plusieurs mois face à une demande qu’il juge plus forte qu’anticipée.
Selon les déclarations de sa direction locale rapportées par l’agence Reuters, l’ambition de BYD pourrait même être révisée à la hausse. L’objectif serait d’atteindre 60 à 70 concessions d’ici la fin 2027. Cette expansion agressive du réseau de distribution vise à capter rapidement des parts de marché dans la première économie industrielle du continent, avant que la concurrence ne se structure pleinement.
Cette offensive s’inscrit dans une double dynamique. D’un côté, BYD mène une expansion mondiale pour contester la suprématie des constructeurs historiques. De l’autre, l’Afrique du Sud cherche à revitaliser une industrie automobile locale en difficulté en attirant les investisseurs étrangers, notamment chinois. Le gouvernement mise sur ces nouveaux acteurs pour dynamiser la production et les compétences technologiques, dans un secteur traditionnellement dominé par des groupes comme Volkswagen, Toyota ou Mercedes-Benz.
Les perspectives pour BYD dépassent le seul marché sud-africain. Le groupe entend faire du pays une plateforme régionale, un tremplin pour une expansion à l’échelle du continent. Parallèlement au réseau de vente, BYD prévoit le déploiement de 200 à 300 stations de recharge ultrarapide d’ici fin 2026. Ces infrastructures, permettant une recharge en cinq minutes pour 400 km d’autonomie, sont conçues pour anticiper et structurer la demande, tout en établissant un standard technologique.
La stratégie de BYD repose sur une logique de précurseur. “C’est le plus grand marché automobile de tout le continent africain, donc nous devons y concentrer nos efforts. Une fois que nous aurons lancé nos activités ici, nous pourrons reproduire ce modèle dans d’autres pays africains”, expliquait en octobre Stella Li, vice-présidente exécutive du groupe. L’enjeu est de s’implanter solidement avant l’arrivée massive d’autres constructeurs, qu’ils soient occidentaux ou asiatiques comme ses compatriotes BAIC, Great Wall Motor ou Chery.
Le succès de cette stratégie n’est cependant pas garanti. Il se heurtera à plusieurs défis majeurs : le prix d’entrée encore élevé des véhicules électriques pour la classe moyenne sud-africaine, la fiabilité chronique du réseau électrique national (Eskom), et la capacité des autorités à mettre en place des politiques incitatives crédibles. La bataille pour la mobilité électrique en Afrique ne se gagnera pas seulement dans les concessions, mais aussi sur la stabilité du réseau et dans le portefeuille des consommateurs.



