C’était au cours d’un webinaire récemment organisé à Yaoundé par la Plateforme régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale (Propac).
Les systèmes semenciers gérés par les agriculteurs sont la principale source de semences de cultures vivrières pour les paysans en Afrique centrale. Mais de plus en plus, un certain nombre de politiques semencières nationales et régionales sont en leur défaveur. Les agriculteurs sont poussés à abandonner leurs systèmes semenciers. Les gouvernements africains rejoignent des accords régionaux sur la propriété intellectuelle, le commerce et les semences, qui profitent aux entreprises et au système semencier industriel.
Or, le secteur agricole en Afrique centrale, amplement dominé par l’agriculture familiale, étant très largement le premier bassin d’emploi et de revenu de ces pays, le dossier actuel du développement et de la réglementation d’un marché semencier est très sensible. Des lois semencières sont en cours de mise en œuvre dans différents pays du continent. Cependant, il apparaît que l’on n’ait pas pris la mesure des implications et des risques qu’une réforme aveugle ferait courir à la viabilité de l’agriculture familiale. Pour cela, la décision des États devrait être éclairée notamment par la recherche publique pour le développement agricole.
C’est dans cette logique que la Propac, en collaboration et avec le soutien de l’Afsa, Rosa Luxemburg Stitung et Crops 4hd, s’est proposée de présenter l’harmonisation du cadre réglementaire des semences en Afrique. La discussion menée à travers le webinaire du 12 septembre dernier a fait ressortir les problèmes critiques qui affectent notre système alimentaire et profitent aux multinationales aux dépens de nos agriculteurs locaux et indigènes.
En effet, les échanges auxquels ont notamment participé les organisations paysannes, les institutions des communautés régionales, les organisations de la société civile, les chercheurs, les instituts de formation professionnelle, etc. ont permis d’éclairer les acteurs sur les enjeux liés aux semences en matière de réalisation du droit à l’alimentation et la souveraineté alimentaire ; de favoriser des échanges et un dialogue entre acteurs nationaux et sous régionaux de l’Afrique centrale sur les enjeux liés aux semences, et la coexistence entre les systèmes semenciers paysans et le système semencier certifié des variétés homologuées.
Le but était, entre autres, de mobiliser tous ces acteurs pour une meilleure revalorisation et promotion des semences locales existantes ; une promotion de l’agroécologie ; un renforcement des relations entre les organisations des producteurs, les chercheurs, les services techniques et autres intervenants actifs dans le domaine des semences paysannes.
S’agissant du cadre juridique proposé pour la reconnaissance et la promotion des systèmes semenciers paysans et la protection de la biodiversite, il en ressort globalement que les paysans ont le droit de définir et d’adopter collectivement des règles visant à garantir la qualité des semences qu’ils mettent en circulation au sein de leurs collectifs. Ces règles portent notamment sur les éléments tels que la faculté germinative, la qualité sanitaire, la qualité agronomique, la qualité organoleptique et toute autre qualité jugée pertinente par les paysans selon leur contexte écologique et socioculturel.
Thierry Christophe Yamb