Emmanuel Macron n’apprécie pas que les États-Unis privilégient leur industrie automobile, en multipliant les aides pour “acheter américain”. Le Président français voudrait lui aussi mettre en place une préférence européenne.
Le ciel est à l’orage entre Paris et Washington sur les sujets économiques. Emmanuel Macron a en effet fulminé à propos du protectionnisme américain, dans un entretien aux Échos. Le Président français n’approuve pas les mesures prises par Joe Biden pour protéger l’industrie automobile outre-Atlantique et lui ouvrir le marché de l’électrique.
“Les Américains achètent américain et poursuivent une stratégie très agressive d’aides d’État. Les Chinois ferment leur marché. Nous ne pouvons pas être le seul territoire, le plus vertueux en matière climatique, qui considère qu’il n’y a pas de préférence européenne”, a ainsi déclaré le dirigeant français.
Début août, le Congrès américain avait notamment voté un crédit d’impôts pour l’achat d’une voiture électrique, réservés aux véhicules entièrement fabriqués aux États-Unis, batterie comprises.
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a formulé une critique similaire, dénonçant les “stratégies protectionnistes” des partenaires de la France, en marge du Mondial de l’automobile de Paris.
Paris joue-t-il les “mauvais flics”?
Cet épisode illustre la crispation des relations franco-américaines qui sévit depuis le début du conflit en Ukraine. Emmanuel Macron traduit également les inquiétudes européennes concernant la lutte contre l’inflation aux États-Unis, qui privilégie désormais sa production et son marché intérieur, comme l’explique à Politico Elvire Fabry, experte en politique commerciale à l’Institut Jacques Delors.
“Macron joue le rôle du mauvais flic, par rapport à la Commission européenne, qui a laissé à Washington une certaine marge politique pour faire des ajustements”, déclare-t-elle.
Ces tensions rapprochent par ailleurs Paris et Berlin, l’industrie automobile allemande souffrant particulièrement des mesures protectionnistes américaines, souligne encore la spécialiste. L’UE pourrait finalement faire appel à l’Organisation mondiale du commerce, si Washington persiste dans cette voie.
Source: Sputnik