Pour son premier déplacement à l’étranger, Ibrahim Traoré, récemment désigné président de la transition au Burkina Faso, a rencontré à Bamako son homologue malien, qui est venu personnellement l’accueillir à sa descente d’avion. Rien n’a filtré, mais la lutte antiterroriste devait être au cœur des échanges.
Ce sont deux chefs d’État en treillis qui se sont salués sur le tarmac de l’aéroport de Bamako. L’image est forte et pleine de symboles. Le colonel Assimi Goïta, coiffé d’un béret vert, et le capitaine Ibrahim Traoré, d’un béret rouge, se sont ensuite dirigés vers le palais de Koulouba, indique David Baché, du service Afrique de RFI.
Une visite « d’amitié et de travail », selon le ministère malien des Affaires étrangères, consacrée aux « questions sécuritaires qui préoccupent les deux pays », selon les précisions de la présidence burkinabè. « Renforcer l’axe Ouagadougou-Bamako », « intensifier la lutte armée contre les groupes terroristes », « mutualiser les moyens de combats », tels sont les objectifs affichés. Après son retrait du G5-Sahel, annoncé en mai dernier, le Mali avait déjà indiqué vouloir poursuivre la lutte antiterroriste de manière collective, mais dans des cadres bilatéraux.
Des patrouilles mixtes en vue ?
Les deux pays partagent une frontière commune et font face aux mêmes ennemis : jihadistes et bandes armées, rappelle notre correspondant régional, Serge Daniel. Selon un ministre malien, l’idée serait d’abord de rendre plus efficace la procédure d’échange d’informations. Ensuite, il s’agirait de mieux coordonner les actions entre les armées malienne et burkinabè. Des patrouilles militaires mixtes sont-elles envisageables ? « Pourquoi pas », répond notre interlocuteur. Du côté de la délégation du Burkina Faso, une source ajoute que Ouagadougou a exprimé une autre préoccupation : le sort des nombreux civils burkinabé désormais réfugiés sur le territoire malien.
Le capitaine Ibrahim Traoré a été investi président de la transition burkinabè le 21 octobre, après son coup d’État du 30 septembre, le second en huit mois dans le pays. Le colonel Assimi Goïta est lui-même issu d’un coup d’État militaire, mené il y a un peu plus de deux ans. Il a instauré de nouvelles stratégies au Mali qui pourraient servir de modèle pour les nouvelles autorités burkinabè.
On pense évidemment au départ de la force française Barkhane et à l’arrivée de supplétifs russes qui appuient l’armée malienne depuis près d’un an. Des « mercenaires du groupe Wagner », selon un grand nombre de pays occidentaux, africains ou américains ; de simples « instructeurs » envoyés par l’État russe, selon Bamako.
Les nouvelles autorités burkinabè comptent-elles s’inspirer du voisin malien ? Dans les rassemblements de soutien, les drapeaux burkinabè côtoient souvent les drapeaux maliens et russes. Le capitaine Traoré s’est, jusqu’à présent, montré prudent, laissant toutes les possibilités ouvertes.
Source: RFI