Jeudi 3 novembre, la justice tunisienne s’est prononcée dans une affaire emblématique de l’impunité policière, quatre ans après la mort du jeune Omar Laabidi. 12 policiers ont été condamnés à deux ans de prison ferme pour homicide involontaire, tandis que deux autres ont obtenu un non-lieu.
Le verdict, rendu dans la soirée du jeudi 3 novembre, ne fera pas date pour les victimes de violences policières en Tunisie, rapporte Lilia Blaise, correspondante de RFI à Tunis. La justice s’est penchée sur une affaire qui a choqué le pays, il y a quatre ans.
Le 31 mars 2018, Omar Laabidi, supporter de football âgé de 19 ans, s’était noyé dans une rivière en tentant d’échapper à des agents de police après un match du Club africain. Des témoins avaient dit avoir vu des policiers pousser le jeune homme dans l’eau et lui crier « Tu n’as qu’à apprendre à danger ». Une campagne de mobilisation et d’indignation reprenant cette formule sous le hashtag #ApprendsÀNager, a duré pendant quatre ans, pour réclamer justice.
14 policiers, tout en état de liberté, ont été jugés. 12 d’entre eux ont donc été condamnés à deux ans de prison ferme pour homicide involontaire. Deux ont obtenu un non-lieu. Après l’annonce de ce verdict, la famille d’Omar Laabidi et ses avocats ont annoncé leur intention d’interjeter en appel la décision judiciaire.
Une affaire symbolique de l’impunité persistante en Tunisie
Le vice-président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, Bassem Trifi, a déclaré dans un statut Facebook : « Le combat continue. » Selon le comité de défense du jeune Omar Laabidi, le motif de non-assistance à personne en danger aurait dû être retenu contre les agents de police. Une accusation qui aurait été punie d’une peine plus lourde que l’homicide involontaire, à savoir cinq ans de prison au lieu des deux ans auxquels ont été condamnés les 12 policiers impliqués dans l’affaire.
Pour les ONG de défense des droits humains, l’affaire d’Omar Laabidi est symbolique des problèmes d’impunité qui persistent en Tunisie après la révolution. Dans un rapport, un an après la mort du jeune supporter de football, Amnesty International avait parlé de « carences fondamentales » dont continue de souffrir la justice pénale tunisienne, à cause de l’absence de reddition des comptes pour les violations impliquant les forces de sécurité.
Tout au long de ce mois d’octobre, militants et jeunes des quartiers populaires ont, à plusieurs reprises, manifesté sur ce sujet.
Source: RFI