Pour la première fois depuis deux ans, le port de Mocimboa da Praia dans la province riche en gaz du Cabo Delgado a accueilli un navire commercial, signe d’un retour progressif à la normale pour cette province en proie depuis cinq ans à une insurrection jihadiste.
Il y a deux ans, le port de Mocimboa da Praia était aux mains des jihadistes qui coupaient alors l’une des principales voies commerciales de la région. Il a fallu l’intervention conjointe des forces de la Sadec, la communauté d’Afrique australe, et des soldats rwandais à partir d‘août 2021 pour les chasser.
Un premier navire commercial a donc pu accoster dans ce port du Mozambique qui dessert un projet gazier de plusieurs milliards de dollars en cours de développement. Selon la radio mozambicaine, le gouverneur de la région du Cabo Delgado ainsi que le directeur pays du groupe français TotalEnergies, principal investisseur dans le projet, ont fait le déplacement mardi pour l’arrivée du navire.
Il s’agissait d’un bateau appartenant à Mozambique GNL contenant une cargaison de carburant, de voitures, de tracteurs et divers équipements pour des entreprises opérant dans la ville de Palma, située à 80 km au nord.
Encore un million de déplacés internes
Mais si les projets gaziers de la péninsule d’Afungi peuvent désormais reprendre, la région du Cabo Delgado est loin d’être sécurisée. « Cette intervention visait à mon avis à garantir un périmètre de sécurité pour permettre le développement des projets de gaz dans la région. Cet objectif-là, a été atteint. La situation sécuritaire sur le terrain s’est améliorée significativement, mais il ne faut pas dire qu’elle s’est normalisée », estime Salvador Forquilha, chercheur à l’Institut d’études sociales et économiques de Maputo.
« Même s’il y a des gens qui retournent chez eux dans leurs villages, cela ne signifie pas qu’ils ont repris leur vie comme avant. Ils ne peuvent pas cultiver ou aller à la pêche normalement », ajoute-t-il.
Aujourd’hui, un million de déplacés internes sont encore dans la région du Cabo Delgado et l’insurrection jihadiste s’est disséminée jusque dans les provinces voisines. Pour le chercheur Salvador Forquilha, protéger les seuls sites gaziers n’est pas une solution pérenne. L’État doit renforcer sa présence et investir dans les secteurs sociaux, la seule façon efficace, pense-t-il, de combattre l’insurrection.