Cela fait six mois que l’ex-conjointe d’un lieutenant-colonel de l’armée ivoirienne tente de saisir la justice, après que leurs deux fillettes se sont plaintes d’attouchements sexuels imposés par leur père. Une association féministe, la Ligue ivoirienne des droits des femmes, dénonce l’inertie du dossier, et interpelle le procureur de la République.
Des histoires de viols, de violences conjugales et d’incestes, Marie-Paule Okri en reçoit souvent. La jeune femme est chargée des interventions sociales à la Ligue ivoirienne des Droits des Femmes, et des dossiers de ce genre, dit-elle, « ses tiroirs en sont pleins ».
Mais celui-ci se distingue par le profil de l’accusé : un haut gradé militaire, lieutenant-colonel de l’armée ivoirienne. Son ex-conjointe l’accuse d’attouchements sexuels sur leurs deux enfants, dont il partage la garde. Un examen médical a confirmé une inflammation des parties génitales qui concorde avec le témoignage des fillettes, âgées de 4 et 6 ans.
La mère a tenté de saisir le juge des tutelles, le tribunal de première instance, le tribunal militaire et la Brigade des mineurs, sans succès…
Marie-Paule Okri et les militantes de la Ligue dénoncent une justice à deux vitesses. « Lorsqu’il s’agit de personnes de cet acabit, malheureusement, la justice est muette. On a des bourreaux qui prennent en confiance et qui se disent qu’il n’y a pas de justice et qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent. J’interpelle le procureur de la République afin qu’il jette un œil sur cette affaire et que la vérité puisse éclater en plein jour. »
La Ligue a publié un communiqué sur le sujet mi-novembre, à la suite duquel la plaignante a finalement été reçue par la Brigade des mineurs. Mais pour l’heure, aucune poursuite n’a été lancée, et aucune mesure d’éloignement préventive n’a encore été mise en place.