La réalité du retrait des rebelles des zones occupées dans le Rutshuru, au Nord-Kivu, pose question. Alors que la force régionale de l’EAC (East African Community) est censée avoir récupéré la localité de Kibumba, à une vingtaine de kilomètres de Goma, depuis le 23 décembre 2022, et a annoncé que le mouvement s’apprêtait à se retirer de Rumangabo d’ici au 5 janvier, les informations qui remontent du terrain sont plus nuancées.
Ce mardi, plusieurs sources civiles et militaires font le même constat : le retrait du M23 de Kibumba n’est pas à 100% effectif. « Ils ont à peine quitté 10% de la localité », nous explique un responsable de la société civile. Alors qu’un chef de groupement ajoute que le M23 a libéré la route uniquement jusqu’au niveau de la zone dites des trois antennes. « Leur présence reste visible, notamment le long de la frontière avec le Rwanda », affirme-t-il.
Ce chef de groupement s’interroge sur l’échéance du 5 janvier. Il y a quelques jours, la force est-africaine a annoncé, à la suite d’une réunion avec le M23, que les rebelles s’étaient engagés à remonter vers le nord et à se retirer d’ici jeudi 5 janvier du grand camp militaire de Rumangabo pris aux militaires congolais à la mi-novembre.
Un retrait qui pose donc question. Le M23 n’a pas encore fait de déclaration même si ses responsables disent être en réunion pour évoquer cette échéance. Selon plusieurs sources, le M23 tente toujours d’étendre son influence dans le territoire de Rutshuru, malgré les promesses d’un retrait.
Lundi, le mouvement rebelle s’est emparé de Kisharo, une importante agglomération commerciale à 100 km au nord-est de la ville de Goma. Et mardi, des coups de feu ont été encore entendus dans cette zone, provoquant de nouveau déplacements de population.
Mais à Kinshasa, l’entourage du président Félix Tshisekedi ne cache pas son impatience. Certains proches du chef de l’État disent ne pas comprendre l’attitude de la force régionale qui était censée avoir un mandat offensif en cas de non-respect du chronogramme fixé au mini-sommet de Luanda en novembre.
La force de l’EAC, elle, se refuse d’ouvrir le feu sur le M23. Dirigée par les Kényans, elle reste optimiste et parle désormais « d’un retrait coordonné, séquencé et systématique » qui devrait également concerner le camp militaire de Rumangabo d’ici au jeudi 5 janvier avant de s’étendre à Kishishe.