Le président kényan William Ruto a reçu ce jeudi 9 février son homologue érythréen Issayas Afewerki, en visite depuis mercredi à Nairobi. À l’issue de leur tête-à-tête, les deux présidents ont annoncé une série de mesures pour confirmer leur rapprochement.
Suppression des visas entre les deux pays, ouverture prochaine par le Kenya d’une représentation à Asmara, coopération économique renforcée dans de nombreux domaines, de l’exploitation minière au transport aérien : voici ce qui a été annoncé ce jeudi à Nairobi.
Depuis son élection, William Ruto travaille à normaliser la place de l’Érythrée dans le jeu diplomatique régional, quitte à éluder les sujets qui fâchent.
Le portrait que le président kényan a dressé de son homologue érythréen au cours de leur conférence de presse a d’ailleurs de quoi surprendre. William Ruto a salué la « sagesse » d’Issayas Afewerki, pour avoir renoué avec l’Éthiopie en 2018, sans évoquer le rôle de l’Érythrée dans la guerre au Tigré.
William Ruto a également remercié Asmara pour avoir « formé des soldats somaliens » désormais engagés selon lui dans la lutte contre les shebabs pour « pacification de la Somalie », quand bien même les circonstances de cette formation restent troubles, et alors que par le passé, le Kenya a plutôt accusé l’Érythrée d’armer ces islamistes.
« Ces histoires de violations des droits de l’homme ne sont que des chimères »
Désormais, cette page est tournée. Comme l’espérait William Ruto, le président Issayas Afewerki s’est, de son côté, engagé à réintégrer l’Igad, l’autorité est-africaine pour le développement.
Chose rare, le président Issayas Afewerki s’est exprimé au cours de la conférence de presse. Mais face aux questions des journalistes, il a nié le rôle de son pays dans le conflit éthiopien. Il a botté en touche sur la question du retrait des troupes érythréenne du Tigré, notamment, retrait qui reste partiel et constitue pourtant une étape importante dans la mise en œuvre de l’accord de paix de Pretoria.
Issayas Afewerki a également qualifié de « chimères » les différents rapports accusant son armée d’avoir commis des atrocités et de graves violations des droits de l’homme au Tigré : « Vous perdez votre temps. Toutes ces histoires de violations des droits de l’homme, de viols, de pillages, ne sont que des chimères, dans le cadre de ce que j’appelle une entreprise de fabrication de mensonges et de désinformation. Ce sont les chimères de ceux qui veulent empêcher le processus de paix d’atteindre ses objectifs », a-t-il déclaré.