L’ONG de conservation de la nature African Parks, reconnue pour la gestion de parcs nationaux en Afrique, fait face à des accusations sérieuses de violations des droits humains en République du Congo. Après une enquête indépendante menée par un cabinet externe, l’organisation a admis, le 8 mai, que certaines des accusations étaient fondées. Ces révélations concernent notamment des violences, des tortures et des agressions sexuelles à l’encontre des membres du peuple Baka, commises par les rangers chargés de protéger le parc national d’Odzala-Kokoua, géré par African Parks depuis 15 ans.
Les accusations proviennent de membres du peuple Baka, une communauté locale, qui affirment avoir été victimes d’abus de la part des éco-gardes. Ces derniers sont responsables de la sécurité du parc, mais aussi d’actions de répression contre les populations locales, dans un contexte de conservation stricte. Les témoignages des victimes font état de violences physiques et sexuelles, créant une atmosphère de peur et d’oppression dans les zones concernées. African Parks a reconnu les “défaillances” et exprimé ses regrets pour les souffrances infligées aux victimes, tout en assurant qu’elle prend des mesures correctives.
Cette affaire s’inscrit dans un cadre plus large de tensions entre les projets de conservation de la nature et les droits des populations locales en Afrique. Depuis plusieurs années, African Parks, bien que saluée pour ses actions environnementales, est critiquée pour son modèle de gestion des parcs, jugé souvent excluant pour les communautés locales. Le parc d’Odzala-Kokoua, en particulier, a été le théâtre de tensions récurrentes entre les autorités de conservation et les populations autochtones, accusées de subir des restrictions sévères sur l’accès aux ressources naturelles et aux terres de leurs ancêtres. Ces tensions ont été alimentées par les actions de l’ONG, qui a été perçue comme imposant un modèle de conservation au détriment des droits des Baka.
La reconnaissance de ces abus par African Parks marque un tournant pour l’organisation, qui se voit désormais confrontée à des critiques sur son modèle de gestion. Ces événements risquent de nuire à son image et à sa crédibilité, particulièrement après des années de gestion de projets de conservation en collaboration avec les gouvernements locaux. L’ONG pourrait être amenée à repenser ses méthodes, notamment en matière de relations avec les communautés locales, pour éviter que de telles accusations ne se reproduisent. Les répercussions de cette affaire pourraient également avoir un impact sur ses partenariats avec d’autres organisations internationales, comme le WWF, qui a fait face à des critiques similaires par le passé.
Le soutien de l’organisation Survival International aux victimes souligne l’ampleur du problème. Depuis plusieurs années, cette organisation alerte sur les abus commis par les éco-gardes dans le bassin du Congo, et notamment sur les atteintes aux droits humains liées à des projets financés par des acteurs comme le WWF. Si ce dernier a modifié ses pratiques pour réduire les impacts négatifs sur les populations locales, la situation d’African Parks au Congo-Brazzaville révèle la persistance des dérives dans certains projets de conservation. Ces événements soulignent l’importance de concilier la protection de l’environnement avec les droits des populations qui y vivent.
Face à ces accusations, African Parks a annoncé des mesures correctives, mais il reste à voir si celles-ci seront suffisantes pour restaurer la confiance des communautés locales et de l’opinion publique. L’ONG doit désormais trouver un équilibre entre la conservation de la nature et le respect des droits des populations autochtones. À l’avenir, la gestion des parcs en Afrique pourrait nécessiter une révision de son approche, avec une plus grande implication des communautés locales dans les processus décisionnels. Ce scandale pourrait ainsi devenir un catalyseur pour repenser la gestion des ressources naturelles en Afrique de manière plus inclusive et respectueuse des droits humains.