En déplacement au Canada pour le sommet du G7, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a confié l’intérim de la présidence à Angie Motshekga, ministre de la Défense et des Anciens combattants. Cette décision, annoncée le 18 juin par la présidence, est valable du 17 au 19 juin. Le vice-président Paul Mashatile étant lui aussi en mission officielle à l’étranger, en Russie, l’intérim s’imposait pour assurer la continuité institutionnelle.
Cette désignation repose sur l’article 90(1)(b) de la Constitution sud-africaine, qui autorise le chef de l’État à nommer un ministre pour exercer temporairement ses fonctions en cas d’absence simultanée du président et de son adjoint. C’est dans ce cadre qu’Angie Motshekga a été choisie. Ancienne ministre de l’Éducation, figure respectée de l’ANC, elle est aujourd’hui à la tête d’un ministère stratégique : la Défense.
C’est la première fois, depuis le début du second mandat de Cyril Ramaphosa en 2019, qu’une femme est appelée à exercer les fonctions de présidente par intérim. Angie Motshekga, longtemps considérée comme une technocrate loyale et discrète, occupe désormais une place hautement symbolique. Cette parenthèse institutionnelle met aussi en lumière l’évolution du rôle des femmes dans les sphères du pouvoir en Afrique du Sud.
Cette décision intervient dans un moment politique délicat pour l’ANC, qui sort affaibli des dernières élections générales. L’intérim, aussi bref soit-il, prend une résonance particulière dans un contexte où les équilibres internes du parti sont en pleine recomposition. Angie Motshekga, perçue comme une figure de consensus, incarne une forme de stabilité dans cette période d’ajustements.
Professeure de formation et cadre de longue date de l’ANC, Angie Motshekga a gravi les échelons sans faire de bruit. Son passage à la tête du ministère de l’Éducation pendant plus d’une décennie a été salué pour sa rigueur, malgré des critiques récurrentes sur la lenteur des réformes. Son portefeuille actuel à la Défense confirme la confiance que lui accorde Ramaphosa, qui voit en elle une alliée fiable dans un environnement politique de plus en plus fragmenté.
Il faut toutefois souligner que cette nomination ne traduit pas une montée en puissance politique immédiate. Elle s’inscrit dans une logique procédurale. Mais elle n’est pas anodine non plus : elle signale que certaines figures de second plan, longtemps tenues à l’écart des jeux d’influence internes, pourraient occuper un rôle plus visible dans la recomposition en cours de l’appareil dirigeant sud-africain.