À l’occasion du premier anniversaire du gouvernement d’unité nationale (GNU), l’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition et membre de la coalition, a déposé plainte contre deux ministres de l’ANC pour corruption. Une démarche qui fragilise davantage une alliance déjà affaiblie par les tensions internes et les rivalités partisanes.
La plainte, déposée le 1er juillet au Cap, vise Nobuhle Nkabane, ministre de l’Enseignement supérieur, accusée d’avoir manipulé des nominations dans des structures éducatives en faveur de figures proches du Congrès national africain (ANC). La DA dénonce un mensonge au Parlement et une « fraude institutionnalisée » sous la présidence de Cyril Ramaphosa. Dans le même temps, une autre ministre de l’ANC, Thembi Simelane, fait déjà l’objet d’une enquête pour son rôle présumé dans une affaire de surfacturation impliquant la compagnie publique Eskom.
La coalition au pouvoir, composée de dix partis, avait vu le jour en 2024 après que l’ANC, en perte de vitesse électorale, a perdu sa majorité absolue au Parlement pour la première fois depuis 1994. Ce gouvernement inédit devait symboliser une nouvelle ère politique, marquée par le dialogue et la co-gouvernance. Mais un an plus tard, il est déjà plombé par les divergences budgétaires, les jeux d’influence et les accusations de corruption.
Les tensions ont été exacerbées ces derniers jours avec le limogeage d’Andrew Whitfield, ministre DA, pour un déplacement non autorisé à l’étranger. En réaction, la DA a annoncé son retrait du « dialogue national » promu par le président Ramaphosa, tout en restant dans la coalition. Une posture paradoxale, que le parti justifie par sa volonté de lutter contre la corruption de l’intérieur, malgré son désaccord croissant avec l’ANC.
Cette stratégie ambivalente met en lumière la fragilité des alliances politiques en Afrique du Sud. Sanusha Naidu, politologue à l’Institute for Global Dialogue, y voit un aveu d’échec : « La DA dénonce la corruption tout en restant au gouvernement. Cela en dit long sur les limites structurelles du GNU et sur l’impasse politique actuelle. »
Le président Cyril Ramaphosa, lui, reste silencieux face aux accusations, nourrissant le scepticisme autour de sa volonté réelle de réforme. L’affaire pourrait affaiblir davantage sa légitimité et compliquer les équilibres au sein du gouvernement, alors que le pays reste confronté à une crise énergétique, un chômage massif et une colère sociale latente.