Le parti sud-africain uMkhonto weSizwe (MK) a officiellement déposé une motion de censure contre le président Cyril Ramaphosa, l’accusant de violation constitutionnelle dans sa gestion de l’affaire du ministre de la Police, Senzo Mchunu. Cette initiative parlementaire, soumise à la présidente de l’Assemblée nationale Thoko Didiza, vise à sanctionner ce que le parti considère comme un “mépris flagrant” des directives judiciaires et une atteinte à l’intégrité institutionnelle du pays.
La motion fait suite à la décision controversée de Ramaphosa de placer le ministre Mchunu en congé spécial, dans l’attente d’une enquête judiciaire pour ingérence politique présumée dans le maintien de l’ordre. Le président a simultanément nommé Firoz Cachalia, personnalité extérieure au cabinet, comme ministre de la Police par intérim. Selon Nhlamulo Ndhlela, porte-parole du MK, ces décisions constituent une violation flagrante de la Constitution, aggravée par le non-respect par Ramaphosa de la date limite du 22 juillet fixée par la juge en chef Mandisa Maya pour déposer des recours devant la Cour constitutionnelle.
Cette crise s’inscrit dans un climat politique tendu où les accusations d’ingérence politique dans les forces de l’ordre prennent une dimension particulièrement sensible. Les allégations contre Mchunu émanent de Nhlanhla Mkhwanazi, commissaire provisoire de police du KwaZulu-Natal, une province stratégique où les tensions politiques sont historiquement vives. L’affaire révèle les fragilités du gouvernement d’unité nationale mis en place après les élections de 2024, où différentes formations politiques peinent à trouver un équilibre dans la gestion des institutions sécuritaires.
La motion appelle à un débat parlementaire urgent et à un vote dans les deux semaines, ouvrant potentiellement une période d’instabilité politique majeure. Bien que le parti MK demeure l’opposition officielle, le succès de cette initiative dépendra crucially du positionnement des autres formations au sein du gouvernement d’unité nationale. Une adoption de la motion pourrait contraindre Ramaphosa à la démission ou déclencher une crise constitutionnelle sans précédent, remettant en question la stabilité gouvernementale à un moment où l’Afrique du Sud fait face à de multiples défis économiques et sociaux.
L’affaire soulève des questions fondamentales sur l’indépendance des institutions judiciaires et sécuritaires en Afrique du Sud. Le silence présidentiel face aux directives de la juge en chef Maya constitue un précédent inquiétant dans un pays où la séparation des pouvoirs demeure un acquis fragile de la démocratisation post-apartheid. Cette controverse intervient également dans un contexte où la crédibilité des forces de police sud-africaines est régulièrement remise en question, notamment dans la gestion des violences communautaires et de la criminalité endémique.
Au-delà de l’aspect politique, cette motion révèle les tensions structurelles du système sud-africain entre exécutif et judiciaire. La capacité de Ramaphosa à naviguer cette crise déterminera non seulement son avenir politique mais aussi la solidité des institutions démocratiques du pays. L’issue de ce bras de fer pourrait redéfinir les équilibres de pouvoir et établir de nouveaux précédents dans les rapports entre les différentes branches du gouvernement, avec des répercussions durables sur la gouvernance sud-africaine.