Ce mardi 27 mai à Abidjan, Akinwumi Adesina, président sortant de la Banque africaine de développement (BAD), a inauguré les Assemblées annuelles 2025 dans l’enceinte du Sofitel Hôtel Ivoire. À l’aube de l’élection de son successeur, il a dressé un bilan de ses dix années à la tête de l’institution. Ces Assemblées se dérouleront jusqu’au 30 mai en Côte d’Ivoire, et seront décisives pour l’avenir de la banque panafricaine.
Face à des chefs d’État, ministres, partenaires financiers et experts, Adesina a mis en avant les « High 5 », son programme-phare ayant, selon lui, touché plus de 565 millions d’Africains. Il a défendu une vision d’une BAD plus proche des réalités du continent, capable de répondre efficacement aux crises, qu’elles soient sanitaires, géopolitiques ou économiques. Mais ce bilan flatteur est à nuancer : malgré ces avancées, l’Afrique reste confrontée à de nombreux défis structurels, notamment le financement et l’intégration régionale.
Cette édition des Assemblées se tient dans un climat de rareté des financements internationaux et de fragilité des partenariats, notamment avec le retrait progressif de certains acteurs traditionnels, comme les États-Unis. Le thème choisi, « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique », met en lumière la nécessité d’exploiter pleinement les atouts naturels et démographiques du continent. Pour Nialé Kaba, ministre ivoirienne du Plan, il s’agit d’un impératif stratégique pour transformer ces richesses en prospérité durable.
Avec cinq candidats en lice – Amadou Hott (Sénégal), Sidi Ould Tah (Mauritanie), Samuel Munzele Maimbo (Zambie), Mahamat Abbas Tolli (Tchad) et Bajabulile Swazi Tshabalala (Afrique du Sud) – la succession d’Adesina s’annonce disputée. Le futur président, dont le nom devrait être révélé à la fin des Assemblées, prendra ses fonctions en septembre. Pour Alassane Ouattara, le choix devra garantir la continuité stratégique et amplifier les dynamiques enclenchées.
L’enjeu pour la BAD est désormais de consolider son rôle de pivot du développement africain. Dans un monde fragmenté par les tensions commerciales, les redéfinitions des flux de capitaux et les bouleversements géopolitiques, la banque devra gagner en influence sur la scène internationale, renforcer ses capacités de mobilisation de ressources et s’adapter rapidement aux urgences climatiques et économiques. Elle devra se transformer en levier d’innovation et de souveraineté, assumant un rôle central dans la réorganisation mondiale.
Les analyses et témoignages recueillis à l’occasion des Assemblées soulignent l’urgence d’une BAD plus proactive. Si certains saluent l’héritage d’Adesina, d’autres pointent des insuffisances, notamment en matière de financement des PME, de soutien à l’intégration régionale ou d’adaptation aux nouvelles formes d’économie. Ces débats tracent les contours d’un mandat exigeant pour le prochain président, qui devra conjuguer ambition et pragmatisme pour que la BAD reste le moteur du développement africain.