La Cour pénale internationale a accordé le 23 juillet 2025 une réduction de peine d’un an à Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, ramenant sa détention de dix à neuf ans. Ce Malien, condamné en novembre 2024 pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis à Tombouctou, sortira de prison le 28 mars 2027 au lieu de mars 2028.
Cette décision émane d’un collège de trois juges dirigé par Luz del Carmen Ibáñez Carranza, conformément au Statut de Rome qui autorise un réexamen après accomplissement des deux tiers de la peine. Les magistrats ont particulièrement valorisé le choix d’Al Hassan de ne pas faire appel de sa condamnation, geste interprété comme une facilitation du processus judiciaire et un soutien à la phase de réparation des victimes. Sa situation personnelle, ses excuses publiques et l’impact psychologique de cette mesure sur les victimes ont également pesé dans la balance.
Al Hassan avait été reconnu coupable le 26 juin 2024 pour des actes commis entre avril 2012 et janvier 2013, période durant laquelle Tombouctou était sous contrôle des groupes armés Ansar Dine et Al-Qaïda au Maghreb islamique. En tant que membre de la police islamique, il avait participé activement à l’application de la charia dans cette ville historique du nord Mali. Sa condamnation à dix ans de prison, prononcée le 20 novembre 2024, tenait déjà compte de sa détention préventive depuis son transfert à La Haye le 31 mars 2018.
Cette réduction de peine s’inscrit dans une approche de justice réparatrice voulue par la CPI, cherchant à concilier châtiment des responsables et réinsertion sociale. Toutefois, aucune précision n’a été apportée sur les modalités concrètes de libération d’Al Hassan ni sur un éventuel pays d’accueil après 2027. Cette incertitude soulève des questions sur la suite de son parcours judiciaire et les conditions de sa réintégration.
Al Hassan devient ainsi le deuxième Malien jugé par la CPI, après Ahmad Al Faqi Al Mahdi, condamné en 2016 à neuf ans de prison pour la destruction des mausolées de Tombouctou, sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette série de condamnations témoigne de l’engagement de la justice pénale internationale dans le traitement des crimes commis durant la crise malienne de 2012-2013.
La décision du collège de juges illustre la complexité de l’exercice de la justice internationale, tiraillée entre exigence de fermeté et impératifs de réconciliation. Si la réduction accordée peut paraître symbolique, elle reflète une évolution dans la conception de la justice pénale internationale, davantage orientée vers la réparation que vers la seule punition. Reste à savoir si cette approche contribuera effectivement à la réconciliation nationale au Mali, où les plaies de cette période restent béantes.