Dès 2022, des analystes du ministère canadien de l’Immigration avaient tiré la sonnette d’alarme : l’augmentation rapide des seuils d’immigration, notamment d’étudiants internationaux, risquait d’aggraver la crise du logement. Une étude, réalisée par Matthew Saayman et ses collègues, a mis en lumière le déséquilibre entre la croissance démographique et l’offre de logements. Le document intitulé Croissance démographique et offre de logements a révélé des prévisions alarmantes restées sans réponse.
Les auteurs de l’étude pointent un manque d’anticipation face à l’afflux massif de nouveaux arrivants. Entre 2005 et 2021, le Canada a enregistré une hausse de 163 % du ratio prix des logements/revenus, la plus forte parmi les pays du G7. Cette situation s’explique par des modèles de prévision inadaptés et par une sous-estimation de la demande. En parallèle, des logements vacants et une diminution de la taille moyenne des ménages exacerbent les tensions sur le marché immobilier.
Historiquement, le Canada s’est positionné comme une destination de choix pour les immigrants, vantant un cadre accueillant et des opportunités économiques. Toutefois, la flambée des prix de l’immobilier met à mal cette réputation. La crise du logement a également ravivé des tensions entre le gouvernement fédéral et les provinces, notamment le Québec, où François Legault a critiqué la politique migratoire de Justin Trudeau.
Face à ces critiques croissantes, le gouvernement Trudeau a annoncé une révision des seuils d’immigration. En octobre 2024, une réduction des quotas a été officialisée : le nombre de résidents permanents passera de 485 000 en 2024 à 395 000 en 2025. Cette décision vise à soulager la pression sur le marché immobilier et les infrastructures, mais elle suscite des débats quant à son impact sur l’économie canadienne.
Pour les immigrants, trouver un logement abordable est devenu un défi majeur, quelle que soit la gamme de prix recherchée. L’accès à la propriété, considéré comme un jalon important de l’intégration, reste hors de portée pour de nombreux arrivants. Cette réalité pourrait affecter l’image du Canada comme terre d’accueil et sa capacité à attirer des talents étrangers à long terme.
Au-delà du logement, les effets de cette immigration massive se font sentir dans d’autres secteurs comme l’éducation, particulièrement à Montréal. La région a enregistré une augmentation record de sa population en 2024, avec plus de 91 000 nouveaux résidents. Ce boom démographique soulève des questions sur la capacité d’absorption globale du Canada, nécessitant une révision profonde des politiques publiques pour concilier croissance et équilibre.