Trois anciens prétendants à l’élection présidentielle algérienne de septembre dernier, dont les dossiers avaient été rejetés avant le scrutin, ont été condamnés ce lundi 26 mai à dix ans de prison ferme pour corruption. Il s’agit de la femme d’affaires Saida Neghza, de l’ancien ministre Belkacem Sahli, et d’Abdelhakim Hamadi, patron d’un laboratoire vétérinaire. Tous trois écopent également d’une amende d’environ 6 700 euros.
Le verdict, prononcé par le tribunal d’Alger, fait suite à des accusations d’achat de parrainages en vue de se présenter à la présidentielle remportée par le président sortant Abdelmadjid Tebboune. Selon le parquet, les trois condamnés avaient versé de l’argent à des élus et recouru à des intermédiaires pour recueillir les signatures nécessaires. Une cinquantaine d’élus ont reconnu avoir reçu des sommes en échange de leur soutien.
Ces condamnations interviennent dans un contexte où les élections en Algérie sont régulièrement entachées de soupçons de corruption et d’irrégularités. Depuis le rejet de leurs candidatures par l’autorité électorale en août dernier, Saida Neghza, Belkacem Sahli et Abdelhakim Hamadi étaient placés sous contrôle judiciaire. Cette affaire éclaire les pratiques opaques entourant le parrainage des candidats dans un pays en quête de transparence démocratique.
Les condamnés, qui restent en liberté pour le moment, ont dix jours pour interjeter appel. En parallèle, 70 autres personnes impliquées dans le scandale, dont des élus, des membres d’organisations patronales et même plusieurs fils de Saida Neghza, ont été jugées. Les peines prononcées vont de cinq à huit ans de prison, pour des chefs d’accusation allant du trafic d’influence à l’abus de fonction et à l’escroquerie.
Cette affaire met en lumière les efforts – ou leur absence – des autorités algériennes pour combattre la corruption électorale. Bien que certaines personnes aient été acquittées, l’ampleur des condamnations laisse penser que le système de parrainage a été largement instrumentalisé. Cette sévérité judiciaire pourrait être perçue comme un signal d’exemplarité, mais aussi comme un révélateur des tensions persistantes entre pouvoir, affaires et justice.