L’ancien président béninois Thomas Boni Yayi a vivement dénoncé, mercredi 29 octobre 2025, la disqualification par la Cour constitutionnelle de la candidature de son parti, Les Démocrates, pour l’élection présidentielle d’avril 2026. Il qualifie cette décision de “politique d’exclusion contraire à la démocratie”, marquant une nouvelle escalade dans les tensions politiques qui secouent le pays.
La Cour constitutionnelle a confirmé, lundi 27 octobre, la liste définitive des duos autorisés à concourir. Seuls Romuald Wadagni – Mariam Chabi Talata, représentant la mouvance du président Patrice Talon, et Paul Hounkpè – Rock Judicaël Hounwanou, pour l’opposition parlementaire, ont été retenus. Le tandem Renaud Agbodjo – Jude Lodjou, porté par Les Démocrates, a été écarté pour insuffisance de parrainages valides. En réaction, Me Renaud Agbodjo a annoncé son retrait temporaire de la vie politique, tout en appelant ses partisans au calme.
Cette crise s’inscrit dans une séquence politique conflictuelle initiée depuis l’accession au pouvoir de Patrice Talon en 2016. Le Bénin, autrefois présenté comme un modèle de démocratie pluraliste en Afrique de l’Ouest, a connu un rétrécissement graduel de son espace politique. Plusieurs partis d’opposition ont été confrontés à des difficultés d’enregistrement ou à des disqualifications lors de scrutins précédents, notamment les législatives de 2019 et 2023, qui avaient déjà suscité des critiques sur l’état de la démocratie dans le pays.
À court terme, cette exclusion risque de creuser le fossé entre le pouvoir et une frange significative de la classe politique, hypothéquant toute perspective de dialogue inclusif avant la présidentielle de 2026. L’appel de Boni Yayi à la mobilisation des acteurs politiques et de la société civile pourrait annoncer une période de mobilisations sociales. La stabilité du pays, jusqu’ici préservée, pourrait être mise à l’épreuve si aucun mécanisme d’apaisement n’est trouvé pour canaliser les frustrations.
Boni Yayi a révélé avoir rencontré Patrice Talon le 24 octobre pour plaider en faveur de la participation de son parti. Il estime cependant que cette entrevue n’a pas infléchi la “politique systématique d’exclusion” qu’il impute au chef de l’État. Il a même dénoncé un “vaste plan de déstabilisation” visant son parti, incluant le débauchage de ses responsables et de ses députés.
Au-delà des arguments juridiques, cette affoire soulève une question fondamentale sur la nature du jeu démocratique béninois. La validation d’une opposition parlementaire, tout en en excluant une autre, interroge sur les critères réels de la compétition électorale. La décision de la Cour constitutionnelle, bien que fondée sur des motifs procéduraux, est perçue par une partie de la population et des observateurs comme un instrument de régulation politique.
La conclusion de la déclaration de Boni Yayi, invoquant la sérénité et la foi en Dieu, contraste avec la virulence de ses accusations. Ce ton à la fois combatif et apaisant reflète peut-être une stratégie visant à maintenir la pression tout en évitant des appels à la confrontation directe qui pourraient déstabiliser le pays. Le retrait temporaire de Renaud Agbodjo apparaît comme une autre tactique, laissant planer le doute sur les prochaines actions des Démocrates.



