Le journaliste béninois Hugues Comlan Sossoukpè a été mis en examen le 14 juillet à Cotonou, puis placé sous mandat de dépôt. Extradé de Côte d’Ivoire quelques jours plus tôt, malgré son statut de réfugié, il est poursuivi par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) pour cyberharcèlement, incitation à la haine, appel à la rébellion et apologie du terrorisme.
Connu pour ses publications virulentes à l’encontre du président Patrice Talon, notamment à travers son journal Olofofo – interdit au Bénin –, Sossoukpè est accusé d’avoir franchi les lignes rouges du discours critique. L’audience préliminaire, qui s’est tenue devant la chambre d’instruction de la Criet, a duré plus de deux heures. Entouré d’une équipe de dix avocats, il a simplement plaidé non coupable, refusant de s’exprimer davantage sur le fond des accusations.
Le point le plus controversé de l’affaire demeure son arrestation à Abidjan le 10 juillet, malgré son statut de réfugié reconnu. Ses avocats dénoncent une extradition contraire au droit international. Ils ont plaidé sans succès pour une remise en liberté provisoire, voire un placement sous contrôle judiciaire. Le juge a maintenu la détention, rejetant tous les recours de la défense. Selon Me Aboubakar Bah Parapé, la justice béninoise est restée sourde aux arguments juridiques.
Ce dossier s’inscrit dans un contexte où plusieurs journalistes et activistes critiques sont inquiétés au Bénin. La Criet, instituée en 2018 pour lutter contre la corruption et le terrorisme, est souvent critiquée pour son instrumentalisation politique. Le cas Sossoukpè pourrait devenir un symbole de la répression judiciaire contre les voix dissidentes, au moment où la présidentielle de 2026 commence à susciter tensions et repositionnements.
Le magistrat instructeur dispose de 18 mois pour achever l’information judiciaire. Ce délai laisse présager une longue détention provisoire, avec peu de visibilité sur un éventuel procès rapide. En attendant, la situation de Hugues Comlan Sossoukpè soulève des inquiétudes dans les milieux de la presse et parmi les défenseurs des droits humains, qui dénoncent un recul des libertés au Bénin.