La Cour constitutionnelle du Bénin a confirmé, le 27 octobre, l’invalidation de la candidature du principal parti d’opposition, Les Démocrates, pour la présidentielle d’avril 2026. Cette décision, très attendue, met un terme au recours introduit par la formation de Thomas Boni Yayi contre la Commission électorale nationale autonome (CENA) et ravive les tensions politiques à quelques mois du scrutin.
La Cour a estimé que la CENA « n’a ni violé la Constitution ni le Code électoral » en rejetant la demande de validation du parrainage du député Michel Sodjinou. Ce parrainage manquant avait conduit à l’exclusion du duo Renaud Agbodjo – Jude Lodjou, représentant Les Démocrates, pour insuffisance de soutiens. Avec cette décision, la liste des duos retenus devient définitive : Romuald Wadagni – Mariam Chabi Talata pour la mouvance présidentielle, et Paul Hounkpè – Rock Judicaël Hounwanou pour l’opposition parlementaire.
Cette exclusion intervient dans un climat politique déjà tendu. Le 24 octobre, Patrice Talon et son prédécesseur Thomas Boni Yayi se sont rencontrés pour un dialogue direct, une première depuis des années de rivalité politique. L’objectif : apaiser les tensions suscitées par la disqualification du principal parti d’opposition. Mais la rencontre s’est conclue sans déclaration publique, laissant planer le doute sur la portée réelle de cette tentative de réconciliation.
Le scrutin, prévu pour avril 2026, s’annonce désormais sans véritable compétition plurielle. L’absence du principal parti d’opposition risque d’affaiblir la crédibilité du processus électoral aux yeux d’une partie de l’opinion publique et de la communauté internationale. Certains observateurs redoutent un taux de participation en baisse et un climat politique marqué par la défiance et la frustration.
Depuis plusieurs années, la scène politique béninoise est marquée par des tensions autour du système de parrainage, introduit en 2019 et régulièrement critiqué pour son caractère restrictif. Les Démocrates dénoncent un mécanisme destiné à verrouiller l’accès à la compétition présidentielle au profit du pouvoir en place. Pour le gouvernement, il s’agit au contraire d’un instrument garantissant la stabilité institutionnelle et la cohérence du jeu politique.
La main tendue entre Talon et Boni Yayi pourrait ouvrir la voie à un apaisement, mais beaucoup restent sceptiques. Sans signes concrets d’ouverture, la présidentielle de 2026 risque de se dérouler dans un climat de méfiance et d’exclusion, prolongeant la crise de confiance entre le pouvoir et l’opposition.



