Le 11 mars 2025, le procès des deux présumés assassins d’Urbain Dangnivo, un syndicaliste et opposant politique disparu il y a 15 ans, a repris devant le tribunal de première instance de Cotonou. Après une longue interruption de sept ans, la justice béninoise a promis de mener l’affaire à son terme cette fois-ci. Lors de la première audience, les deux accusés ont formellement nié leur implication dans la disparition du syndicaliste, affirmant avoir été manipulés par des responsables politiques de l’époque.
Les deux prévenus, Codjo Kossi Alofa et Donatien Amoussou, ont tous deux affirmé n’avoir joué aucun rôle dans la disparition de Dangnivo. Le féticheur Codjo Kossi Alofa, qui avait avoué en 2010, a retourné sa version des faits devant le tribunal, expliquant qu’il avait été contraint d’assumer la responsabilité de ce crime en échange d’argent et de la promesse d’une relaxe. Il a ajouté qu’il purgeait une peine de prison pour vol de moto lorsqu’on l’avait approché, et qu’il avait été manipulé par des figures politiques et des hauts gradés. Son co-accusé, Donatien Amoussou, a également rejeté les accusations, soutenant avoir été traité avec bienveillance pendant son incarcération.
L’affaire Urbain Dangnivo est marquée par une longue histoire de silence et de manipulation politique. Dangnivo, militant syndicaliste et opposant au régime en place, avait disparu en 2008 dans des circonstances mystérieuses. Les premières investigations ont été freinées par des interférences politiques et l’affaire est restée en sommeil pendant plusieurs années. En 2010, un corps présumé être celui de Dangnivo avait été retrouvé, et Codjo Kossi Alofa avait avoué le crime sous pression. Cependant, les doutes sur les véritables responsables et les pressions politiques de l’époque ont maintenu cette affaire dans l’incertitude, jusqu’à la reprise du procès cette année.
Avec la reprise du procès, l’espoir d’une justice claire renaît. Le procureur Olushegun Tidjani Serpos a assuré que cette fois-ci, l’affaire irait à son terme, soulignant que la procédure était prête à recevoir un jugement. Bien que les tests ADN demandés par la famille de Dangnivo n’aient pas encore été publiés, ils ont été réalisés, ce qui pourrait apporter des éléments nouveaux à l’enquête. L’attente est désormais grande quant aux témoignages qui viendront étayer ou contredire les déclarations des accusés. Les premières confrontations avec les témoins sont prévues dès ce mercredi.
Présente lors de la première journée d’audience, la famille de Dangnivo a exprimé son souhait de voir enfin la vérité éclater après tant d’années de silence et de manipulations. L’un des éléments clés de cette nouvelle phase judiciaire réside dans les témoignages et la confrontation des versions, notamment entre les prévenus et les témoins. Les membres de la famille Dangnivo espèrent que cette procédure apportera la lumière sur ce qui est arrivé à leur proche et que justice sera rendue.
Le procès Dangnivo, qui a duré plus de 15 ans, représente également un test important pour le système judiciaire béninois. L’incapacité à faire avancer de telles affaires dans des délais raisonnables a souvent été une critique envers la justice du pays. Le déroulement de ce procès, et l’issue qu’il connaîtra, pourrait ainsi marquer un tournant dans la manière dont les affaires sensibles sont traitées au Bénin, notamment celles ayant trait à la politique et aux droits de l’homme.