L’affaire des biens mal acquis revient sur le devant de l’actualité au Gabon. Quatre enfants du président défunt Omar Bongo ont été mis en examen par la justice française. Ils sont accusés de recel de détournement de fonds publics, corruption active et passive et abus de biens sociaux, à la suite de l’acquisition d’un important parc immobilier en France durant les dernières décennies.
Grâce, Betty, Arthur et Hermine Bongo sont aujourd’hui tous quinquagénaires. Le juge financier Dominique Blanc les a mis en examen de manière successive, entre le 25 mars et le 5 avril 2022. En cause : les biens immobiliers qu’ils détiennent en France. La justice les soupçonne, en effet, d’avoir bénéficié d’un important patrimoine acquis frauduleusement par Omar Bongo en son temps. Un patrimoine qui s’élèverait à environ 85 millions d’euros. Et surtout, selon le parquet national financier, ces enfants savaient que l’origine des fonds était frauduleuse.
Justement, Me Elise Arfi, qui défend Grace Bongo, se dit aujourd’hui « profondément indignée » et « conteste ces accusations ». Selon elle, sa cliente est « totalement de bonne foi » et ne connaissait pas la provenance de l’argent. L’avocate s’interroge sur cette mise en examen qui survient 25 ans après des acquisitions immobilières « parfaitement légales », dit-elle, avec « des vendeurs qui ont perçu l’argent de la vente, et des taxes qui ont toujours été payées ». « Tout est fait de manière régulière », assure-t-elle.
Recours
Selon Me Elise Arfi, la justice française souhaite finalement saisir tous ces biens, ce qui porterait atteinte au principe de sécurité juridique qui protège contre les effets négatifs de la loi, ainsi qu’au droit à la propriété. L’avocate promet déjà un recours avec le dépôt, prochainement, d’une requête en nullité de la mise en examen.
Pour Me William Bourdon, avocat de Transparency International, ne pas savoir que les fonds étaient frauduleux constitue « une fantaisie, une douce blague mise en échec par un dossier accablant », dit-il. Le juriste s’attend à une multiplication des procédures pour « retarder, suffoquer, paralyser » le dossier. Mais il espère bien un procès d’ici 2023-2024. Entretemps, Me Bourdon espère que d’autres enfants d’Omar Bongo s’expliqueront. Notamment l’ancienne ministre des Affaires étrangères Pascaline. Le chef de l’État actuel, Ali, serait protégé par une immunité. Me Bourdon attend aussi la mise en cause d’intermédiaires, banques, notaires, avocats, qui ont aidé les Bongo dans leur fraude présumée.