Bruno Bidjang, directeur général des médias du groupe de presse L’Anecdote et figure emblématique de la chaîne de télévision Vision 4, a été retenu par la gendarmerie camerounaise au secrétariat d’État à la Défense (SED) du 7 au 8 février 2024. L’absence de communication officielle sur les raisons de cette convocation soulève des interrogations, d’autant plus que cette mesure intervient dans un contexte de critiques ouvertes par Bidjang à l’encontre de la politique gouvernementale.
L’intervention judiciaire fait suite à la présentation volontaire de Bidjang auprès des enquêteurs du SED, accompagné de son épouse et de l’avocat représentant L’Anecdote. Le SED, connu pour être un lieu d’exercice de la police judiciaire ainsi qu’un centre de détention, demeure muet sur les motifs précis ayant mené à cette situation. Cette affaire survient après la publication par Bidjang d’une vidéo critique sur les réseaux sociaux, évoquant l’affaire Hervé Bopda et la réaction du public aux scandales sociétaux.
Cette convocation judiciaire survient dans un climat tendu, marqué par la hausse des prix du carburant de 15 % annoncée le 2 février et la détention du PDG de L’Anecdote, Jean-Pierre Amougou Belinga, dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Martinez Zogo. L’interview de Bruno Bidjang avec le député de l’opposition Cabral Libii, où ce dernier dénonce la récente augmentation des prix comme du “banditisme en bande organisée”, ajoute une couche de complexité à l’affaire.
La réaction du groupe de presse L’Anecdote, qui a publié une note interdisant à ses employés de commenter l’actualité sous peine de licenciement, témoigne de la pression exercée sur les médias en ces temps incertains. Cette affaire met en lumière la fragilité de la liberté d’expression au Cameroun, dans un contexte où le gouvernement appelle à la responsabilité des médias face à une situation sociale sensible.
L’audition de Bruno Bidjang pose la question de la place de la critique et de l’expression libre dans une société où le gouvernement fait face à des défis économiques et sociaux majeurs. À travers les prises de position de figures médiatiques comme Bidjang, c’est le droit à la parole et au débat public qui est examiné, dans un pays où les dynamiques entre pouvoir, médias et société civile restent complexes et souvent conflictuelles.
Cette situation soulève des interrogations sur l’avenir de la liberté de presse et d’expression au Cameroun, dans un contexte où les critiques gouvernementales peuvent mener à des répercussions judiciaires significatives. La communauté nationale et internationale, attentive à l’évolution de cette affaire, reste en attente de clarifications sur les raisons de l’audition de Bidjang et sur les garanties de liberté d’expression dans le pays.