Le Burkina Faso accueille actuellement les premières troupes russes dans le cadre d’un déploiement stratégique majeur. Une centaine de soldats russes ont déjà pris position à Ouagadougou, marquant le début de l’opération Africa Corps. Ce nouveau label de la présence militaire russe en Afrique se substitue aux opérations précédemment menées par le groupe paramilitaire Wagner.
Le rôle principal de ce contingent est double : assurer la sécurité du capitaine Ibrahim Traoré, président de transition et auteur du coup d’État du 30 septembre 2022, ainsi que protéger le peuple burkinabé. En outre, ces forces, qui atteindront à terme 300 hommes, se chargeront de patrouilles dans les zones à risque et de la formation des soldats locaux, élargissant ainsi leur influence et leur portée opérationnelle.
Ce déploiement s’inscrit dans un contexte régional complexe. Le Burkina Faso, comme plusieurs autres pays de l’Afrique de l’Ouest, fait face à une menace constante de groupes djihadistes. Cette situation sécuritaire précaire a mené à une reconsidération des alliances militaires et à la recherche de nouveaux partenaires stratégiques, notamment suite à l’affaiblissement de la présence française dans la région.
L’arrivée de ces troupes russes sous la bannière d’Africa Corps représente un tournant stratégique important. Elle reflète non seulement le désir du Burkina Faso de diversifier ses partenariats de défense mais aussi l’ambition croissante de la Russie de renforcer sa présence et son influence dans la région du Sahel. Cette évolution suggère un changement potentiel dans l’équilibre des puissances militaires et politiques en Afrique de l’Ouest.
Le déploiement fait suite à des échanges diplomatiques et militaires intensifs entre le Burkina Faso et la Russie. Des accords de coopération ont été signés dans divers domaines, y compris la défense et la sécurité. La récente visite du colonel Kassoum Coulibaly à Moscou souligne l’approfondissement de ces liens.
Ce nouveau chapitre s’ouvre alors que le Burkina Faso a mis fin à l’accord militaire qui liait le pays à la France depuis 2018, demandant le retrait des forces armées françaises. Ce choix marque une rupture significative avec les anciens schémas de coopération militaire et ouvre la voie à un nouveau paysage géopolitique dans la région.