Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) du Burkina Faso a prononcé des sanctions disciplinaires contre huit magistrats lors de sa première session extraordinaire du 28 au 30 juillet 2025. Ces mesures, rendues publiques le 31 juillet, s’échelonnent du simple blâme à la mise à la retraite d’office, marquant une opération d’envergure dans l’appareil judiciaire burkinabè.
L’éventail des sanctions révèle la gravité des fautes commises. Un magistrat a été mis à la retraite d’office, la sanction la plus lourde, tandis qu’un autre a été rétrogradé. Three magistrats ont écopé d’un blâme, trois autres ont subi un abaissement de trois échelons, et le dernier a été sanctionné par un abaissement d’un échelon. Ces décisions interviennent après que “des mesures administratives et judiciaires préalables” aient été prises par l’autorité compétente contre les magistrats concernés, précise le CSM.
Ces sanctions s’inscrivent dans le cadre des récentes réformes du secteur de la justice au Burkina Faso, un pays confronté depuis 2015 à une crise sécuritaire majeure qui a également fragilisé ses institutions. Le gouvernement de transition, dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré depuis septembre 2022, a fait de la restauration de l’autorité de l’État une priorité. La création des chambres disciplinaires témoigne de cette volonté de refondation institutionnelle, visant à “renforcer l’éthique, la discipline, la déontologie et les bonnes pratiques professionnelles au sein de la magistrature”.
Cette opération disciplinaire pourrait marquer le début d’une vaste campagne de moralisation de l’appareil judiciaire burkinabè. Le CSM a réaffirmé “son engagement total pour la promotion d’une justice fondée sur des valeurs d’intégrité, de probité, de dignité, de professionnalisme, de patriotisme”, suggérant que d’autres mesures similaires pourraient suivre. Cette démarche répond aux attentes de la population burkinabè, qui réclamait depuis longtemps une justice plus transparente et efficace.
La nature des fautes commises par les huit magistrats sanctionnés n’a pas été précisée par le CSM, qui reste discret sur les détails de cette opération disciplinaire. Cette opacité, courante dans ce type de procédure, soulève néanmoins des questions sur la transparence du processus. L’efficacité de ces réformes dépendra largement de leur capacité à restaurer la confiance des citoyens dans une institution judiciaire longtemps critiquée pour ses dysfonctionnements et sa proximité avec le pouvoir politique.
Au-delà de l’aspect disciplinaire, ces sanctions témoignent d’une transformation plus profonde du paysage institutionnel burkinabè. Elles s’ajoutent aux autres mesures prises par les autorités de transition pour “refonder” le pays, dans un contexte où la lutte contre l’insécurité nécessite des institutions fortes et crédibles. La réussite de cette réforme judiciaire constituera un test important pour la légitimité du pouvoir de transition et sa capacité à tenir ses promesses de transformation.