Le président ghanéen, John Dramani Mahama, poursuit sa tournée de renforcement des relations avec les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce lundi 10 mars 2025, il est à Ouagadougou, où il est reçu par le président burkinabè Ibrahim Traoré. Cette visite constitue la dernière étape d’un périple entamé le 8 mars, visant à revitaliser la coopération avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, malgré les tensions régionales. La coopération bilatérale, ainsi que la situation sécuritaire au Sahel, seront au cœur des discussions entre les deux dirigeants.
Lors de sa visite à Ouagadougou, John Mahama et Ibrahim Traoré se pencheront sur les questions de gouvernance et de sécurité régionales. Les deux dirigeants, partageant des liens historiques et géographiques solides, discuteront des enjeux géopolitiques mondiaux et des stratégies communes face aux défis sécuritaires croissants dans la région du Sahel. Le président ghanéen a souligné l’importance de maintenir un dialogue constructif, notamment pour lutter contre la menace terroriste qui pèse sur les pays sahéliens, tout en renforçant la coopération bilatérale.
Cette tournée intervient dans un contexte de tensions croissantes entre les pays de l’AES et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont quitté l’organisation régionale, créant ainsi des obstacles diplomatiques et commerciaux. Cependant, John Mahama, optimiste quant à un possible retour des trois pays au sein de la CEDEAO, plaide pour un dialogue constructif. Il a d’ailleurs encouragé la réactivation de la Commission mixte de coopération entre le Ghana et le Mali, suspendue depuis 2011, pour relancer les échanges économiques.
Malgré les tensions politiques, le Ghana a adopté une approche proactive en direction des pays de l’AES, notamment après l’arrivée de Mahama au pouvoir. En témoigne sa récente nomination d’un envoyé spécial pour la région et les gestes d’ouverture à l’égard des dirigeants sahéliens, tels que les invitations à l’investiture de Mahama, et des déplacements diplomatiques vers Bamako. Cette diplomatie active reflète la volonté du Ghana d’assumer un rôle de médiateur et de renforcer ses liens économiques et politiques avec les pays de l’AES.
Les relations économiques entre le Ghana et les pays de l’AES pourraient se renforcer, indépendamment de l’issue des négociations avec la CEDEAO. Dans ce contexte, Accra se positionne pour offrir des alternatives aux échanges commerciaux perturbés. Le Ghana pourrait tirer parti de la détérioration des relations entre la Côte d’Ivoire et l’AES, notamment dans le domaine du transport maritime. En outre, le pays pourrait devenir un port d’entrée clé pour le Burkina Faso et le Mali, offrant des solutions économiques face à la crise qui touche les ports voisins.
Au-delà de la diplomatie, cette tournée souligne les enjeux économiques qui traversent la région. Le départ des trois pays de l’AES de la CEDEAO a réactivé les questions liées aux connexions commerciales entre les États côtiers et ceux de l’hinterland. Le Ghana, avec son port de Tema et ses infrastructures en développement, pourrait jouer un rôle stratégique dans cette nouvelle configuration économique du Sahel, attirant ainsi les flux commerciaux issus du Mali et du Burkina Faso, tout en capitalisant sur les tensions économiques qui affectent les autres ports de la région.