Au Burkina Faso, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana a été interpellé mardi 27 décembre et emmené vers Ouagadougou depuis son domicile, à Pabré. Ce militaire respecté au sein de l’armée venait d’être remis en liberté provisoire il y a moins de quinze jours après avoir été arrêté en janvier, accusé de tentative de putsch contre l’ex-président Roch Marc Christian Kaboré. Cette nouvelle interpellation a provoqué des tensions, avec des soutiens regroupés pour empêcher l’interpellation.
Le face-à-face a duré des heures devant le domicile du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana : des proches et des sympathisants de l’officier ont tenté de s’opposer à son arrestation à Pabré, à une vingtaine de kilomètres de la capitale burkinabè.
Finalement, les gendarmes sont entrés et sont repartis avec le lieutenant-colonel Zoungrana, son épouse et son frère. D’après les informations de RFI, l’officier aurait pu conduire lui-même son véhicule sous escorte de la gendarmerie, en direction de Ouagadougou et des locaux de la justice militaire.
Mardi en fin de journée, le lieutenant-colonel Zoungrana a été entendu par la justice militaire. Il a passé la nuit dans un camp de la gendarmerie et doit être entendu mercredi 28 décembre.
Aucune communication officielle sur l’interpellation
Officiellement, il n’y a eu aucune communication sur les raisons de cette nouvelle interpellation de l’ex-commandant des forces du secteur Nord dans la lutte contre le terrorisme.
« Nous n’avons pas été saisis dans cette affaire. Si c’était dans le cadre de l’ancienne procédure, la loi fait obligation qu’on nous informe. Nous avons aussi appris que des gendarmes étaient à son domicile pour le conduire chez le procureur, mais à ce stade, nous ne pouvons pas dire ce qui lui est reproché », a expliqué un proche du dossier de l’affaire de tentative de putsch contre le régime de l’ex-président Roch Marc Christian Kaboré. Dans ce cadre, il avait passé onze mois en détention.
Cette interpellation survient alors que, le 15 décembre, la justice militaire avait ordonné sa mise en liberté provisoire.
Zoungrana dénonçait des atteintes à sa personne au cours de sa détention
Dans une vidéo diffusée avant son arrestation, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana a dénoncé plusieurs tentatives d’assassinat contre sa personne au sein de la maison d’arrêt et de correction des armées, ainsi qu’à son domicile.
« Des drones armés ont survolé mon domicile pendant cinq jours depuis ma mise en liberté provisoire », a-t-il souligné, assis sur un canapé et assez détendu. Il y explique pourquoi, selon lui, les autorités actuelles le craignent : « Je me suis battu pour le Burkina Faso. Le reste, c’est de la politique. Et en politique, si tu es gênant, soit on te liquide, soit on te jette en prison ou on te pousse à l’exil », y dit-il.
RFI