Antonio Téte, envoyé spécial de l’Union africaine, a été reçu à Ouagadougou par le président burkinabè Ibrahim Traoré pour évoquer la situation sécuritaire du Sahel et réaffirmer la solidarité continentale.
Le président de la transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, a accordé une audience le 17 juin à Antonio Téte, représentant du président angolais João Lourenço, actuel président en exercice de l’Union africaine (UA). Portant un message personnel de ce dernier, le diplomate angolais a effectué une mission d’écoute et de dialogue au nom de l’organisation continentale.
Selon les déclarations de M. Téte à l’issue de l’entretien, cette visite avait pour objectif principal de s’informer directement auprès des autorités burkinabè sur les réalités sécuritaires, politiques et sociales que traverse le pays. Le diplomate a insisté sur la nécessité, pour l’UA, de mieux comprendre les défis auxquels est confrontée la région du Sahel afin de pouvoir proposer des réponses concertées. Il a évoqué « l’importance d’écouter le Président du Faso » pour envisager des pistes africaines de résolution des crises régionales.
Cette initiative intervient dans un contexte de tensions persistantes au Sahel, marqué par une instabilité chronique, des coups d’État militaires successifs, ainsi que par l’expansion continue des groupes armés jihadistes. Le Burkina Faso, dirigé depuis septembre 2022 par le capitaine Traoré, reste au cœur de cette zone critique où l’État central peine à rétablir l’autorité dans plusieurs régions. En parallèle, les relations entre les pays de la région et certaines institutions africaines ont connu des crispations, notamment avec la suspension du Burkina Faso des instances de l’UA.
Pour l’Union africaine, cette démarche se veut un acte de « non-indifférence », principe réaffirmé par Antonio Téte. L’envoyé a souligné que l’organisation ne pouvait rester passive face aux menaces qui pèsent sur la stabilité d’un État membre et sur l’ensemble du continent. Il a également évoqué la nécessité de renforcer les mécanismes de solidarité interafricaine, à travers une coopération accrue dans le domaine sécuritaire mais aussi politique.
À l’issue de la rencontre, Antonio Téte s’est dit « édifié » par les échanges avec Ibrahim Traoré. Les deux hommes auraient abordé les moyens de raffermir les liens entre les pays africains, dans une optique de cohésion régionale. L’accent a été mis sur l’importance de solutions africaines aux crises africaines, en dehors de toute ingérence extérieure, un discours que porte de plus en plus Ouagadougou sur la scène diplomatique.
Cette visite pourrait marquer un tournant dans le dialogue entre l’Union africaine et les régimes militaires du Sahel, longtemps accusés de s’éloigner des standards démocratiques prônés par l’organisation. Le geste de João Lourenço, à travers l’envoi de son émissaire, témoigne d’une volonté de maintenir le lien malgré les divergences, tout en évitant un isolement politique de la région.