La Commission électorale nationale indépendante (Céni) du Burundi a rejeté le 31 décembre 2024 les listes électorales de la coalition « Un Burundi pour tous », excluant ainsi Agathon Rwasa, principal opposant politique, des législatives de juin 2025. Cette décision marque un tournant dans la préparation de ces élections, où les tensions politiques se font déjà sentir.
L’éviction d’Agathon Rwasa, qui avait été évincé de son parti historique, le Congrès national pour la liberté (CNL), en mars 2024, s’inscrit dans une série d’obstacles rencontrés par l’opposition burundaise. Arrivé deuxième à l’élection présidentielle de 2020, Rwasa avait fondé une coalition de quatre partis pour maintenir sa présence sur la scène politique. Cependant, la Céni justifie cette décision par une violation du code électoral et de la loi sur les partis.
Cette exclusion survient dans un contexte où les règles encadrant les candidatures ont été durcies. En décembre 2024, le président Évariste Ndayishimiye a promulgué un décret limitant les candidatures des anciens membres de partis. Ces nouvelles dispositions, comme l’obligation pour un dirigeant d’attendre deux ans avant de rejoindre une autre formation politique, visent clairement à limiter la marge de manœuvre des opposants.
Cette situation laisse présager une élection législative dominée par les partis proches du pouvoir. Pour l’opposition, la voie semble de plus en plus étroite. Les récents événements renforcent la perception d’une stratégie visant à affaiblir toute alternative politique crédible avant les scrutins de 2025.
Des analystes et membres de la société civile dénoncent ce qu’ils considèrent comme une instrumentalisation des lois pour museler l’opposition. La coalition « Un Burundi pour tous » a critiqué un processus électoral biaisé et annoncé son intention de saisir les instances internationales pour contester ces décisions.
L’exclusion d’Agathon Rwasa et de ses alliés pourrait accroître les tensions politiques dans un pays déjà marqué par une forte polarisation. Alors que l’opposition s’interroge sur ses stratégies futures, les regards se tournent vers les acteurs régionaux et internationaux pour évaluer leur rôle dans le maintien de la stabilité et de la démocratie au Burundi.