Depuis le 4 août, une grande partie du Burundi, y compris sa capitale Bujumbura, se trouve plongée dans des coupures d’électricité généralisées, en raison de travaux de raccordement sur le réseau national. Cette situation, qui doit durer jusqu’au 14 août, affecte plusieurs provinces du pays, rendant la vie quotidienne extrêmement difficile pour les habitants. Selon la Regideso, la société publique en charge de l’eau et de l’électricité, ces coupures, déjà aggravées par une pénurie de carburant, ont de lourdes conséquences économiques et sociales.
Les coupures programmées affectent principalement quatre des cinq provinces du pays, avec des conséquences particulièrement sévères à Bujumbura, où certains quartiers sont privés d’électricité, d’eau, et d’accès à Internet depuis plusieurs jours. Cette situation entraîne la fermeture de nombreux commerces et services, notamment des banques qui annoncent sur les réseaux sociaux ne pas être en mesure de fonctionner normalement. L’administration publique est également paralysée, les bâtiments administratifs étant privés de courant. Le manque de ressources essentielles, comme l’électricité et le carburant, exacerbe une crise déjà complexe.
Ce manque d’approvisionnement en électricité s’inscrit dans un contexte de pénurie de carburant qui dure depuis plusieurs années au Burundi, avec une aggravation notable depuis quelques mois. Les hôpitaux, notamment celui du Prince Régent Charles (HPRC) à Buyenzi, sont confrontés à des difficultés majeures, notamment le non-fonctionnement de leurs groupes électrogènes à cause du manque de carburant. La situation est particulièrement critique pour les familles de défunts, la direction de l’hôpital ayant dû appeler les proches pour récupérer les corps faute de chambre froide. La pénurie de carburant, qui entraîne des prix exorbitants sur le marché noir (jusqu’à 20 000 francs burundais pour un litre, soit environ 5,8 euros), aggrave encore les conditions de vie.
Cette crise d’approvisionnement en carburant se combine avec un réseau électrique vétuste, datant de l’époque coloniale, qui ne parvient plus à répondre aux besoins de la population croissante. Selon un responsable du ministère de l’Énergie, 80 % de la production d’électricité est désormais indisponible, ce qui aggrave une situation déjà critique. Les infrastructures énergétiques du pays n’ont pas été modernisées depuis des décennies, ce qui rend le système particulièrement fragile et vulnérable face aux demandes croissantes.
L’impact économique de ces coupures d’électricité sur les petites entreprises et les secteurs vitaux du pays est considérable. Les petites entreprises, telles que les salons de coiffure ou les petits commerces, sont contraintes de fermer, ce qui prive de nombreux Burundais de leurs sources de revenus. Selon les témoignages de citoyens recueillis par l’AFP, cette crise prolongée a plongé de nombreux habitants dans un sentiment de désespoir, avec des vies entières mises en pause et un sentiment général d’abandon face à la lenteur de l’intervention des autorités.
Les perspectives d’amélioration de la situation à court terme semblent limitées. La prolongation des travaux de raccordement, combinée à l’obsolescence du réseau électrique, laisse entrevoir une crise de l’énergie encore plus profonde à l’avenir. Le manque d’investissements dans le secteur énergétique et le secteur du carburant freine toute possibilité de relance économique. De plus, la dépendance aux importations de produits pétroliers reste un frein majeur à la stabilité du pays.
Les témoignages recueillis révèlent un climat de frustration grandissante parmi les citoyens burundais. Alors que les autorités peinent à gérer cette crise énergétique, une partie de la population s’interroge sur l’avenir du pays, notamment sur la gestion des ressources et la transparence des institutions. Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, souligne que la corruption et les malversations dans l’approvisionnement en carburant aggravent une situation déjà dramatique, avec des répercussions directes sur la vie des Burundais. Les solutions à cette crise demeurent incertaines, mais il est clair que le pays se trouve à un carrefour crucial.