Les résultats provisoires des élections législatives du 5 juin au Burundi confirment une victoire écrasante du CNDD-FDD, le parti au pouvoir. Selon les chiffres annoncés le 11 juin par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), le parti du président Évariste Ndayishimiye a recueilli plus de 96 % des suffrages exprimés, remportant ainsi la totalité des 100 sièges attribués par vote à l’Assemblée nationale.
La performance du CNDD-FDD ne laisse aucune place aux 20 autres partis ou coalitions en lice, dont aucun n’atteint le seuil de 2 % requis pour accéder au Parlement. Seul l’Uprona, ancien parti unique, a franchi la barre symbolique de 1 %, sans pour autant obtenir un siège. Son secrétaire général, Olivier Nkurunziza, a vivement dénoncé des résultats “fantaisistes” et une “élection truquée”, rejoignant un concert de protestations déjà entonné dès la fermeture des bureaux de vote.
La tenue du scrutin s’est déroulée dans un climat politique verrouillé. Depuis 2005, le CNDD-FDD exerce une domination sans partage sur les institutions burundaises. Lors de ces législatives, plusieurs partis d’opposition ont accusé le régime de manipulations massives, citant des irrégularités dans la distribution des cartes électorales, des pressions sur les électeurs et un manque d’accès aux médias publics. Malgré cela, la Céni maintient la régularité du processus et invite les contestataires à saisir la Cour constitutionnelle, bien que celle-ci soit largement perçue comme inféodée au pouvoir.
En plus des 100 députés issus du vote, la nouvelle Assemblée comptera 11 membres cooptés pour respecter les quotas ethniques inscrits dans la Constitution : huit Hutus et trois Twas. Ce mécanisme vise à préserver un équilibre fragile dans un pays où les tensions identitaires restent vives. Toutefois, l’absence d’opposition représentée au Parlement interroge sur la validité démocratique de cette chambre et sur sa capacité à jouer un rôle de contre-pouvoir.
Cette victoire totale du CNDD-FDD conforte la trajectoire autoritaire amorcée depuis plusieurs années. Pour de nombreux observateurs, elle marque un pas supplémentaire vers la marginalisation de toute forme d’opposition politique. Certains redoutent un verrouillage institutionnel plus dur encore à l’approche des prochaines échéances électorales, notamment la présidentielle de 2027.
Les recours annoncés par la Céni sont jugés illusoires par la plupart des partis d’opposition, convaincus que la justice électorale ne tranchera pas en leur faveur. Face à un espace politique fermé, les voix critiques n’ont plus guère de canaux d’expression. Dans ce contexte, les perspectives de dialogue, de réforme électorale ou même de simple alternance démocratique paraissent aujourd’hui lointaines.