Le président Evariste Ndayishimiye du Burundi a limogé le gouverneur de la Banque centrale, Dieudonné Murengerantwari, dimanche 8 octobre, sans explication apparente. Cette décision abrupte intervient après l’interpellation de Murengerantwari par le Service national de renseignement (SNR), directement sous l’autorité du président.
Dieudonné Murengerantwari, un jeune cadre de 39 ans nommé gouverneur il y a seulement un an, était autrefois présenté comme un modèle de gestion par les médias pro-gouvernementaux. Cependant, des rumeurs sur son interpellation pour des malversations économiques ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux, suscitant la surprise parmi de nombreux internautes.
Le silence règne officiellement autour de cette affaire, comme c’est souvent le cas dans de telles situations. Cependant, certaines sources indiquent que les autorités reprochent à l’ancien gouverneur une mauvaise gestion des réserves de devises du pays, avec des allégations de détournement et d’attribution illégale à des hommes d’affaires.
Selon un communiqué du Fonds monétaire international (FMI), les réserves en devises du Burundi ont fortement chuté, passant de l’équivalent de 1,3 mois d’importation en mars à seulement deux semaines en septembre. Cette situation a eu des conséquences graves sur le pays, déjà l’un des plus pauvres du monde, avec des pénuries fréquentes de carburant, de ciment, de sucre et de médicaments.
Suite à l’arrestation et au limogeage de Murengerantwari, une organisation de la société civile œuvrant pour la bonne gouvernance demande au pouvoir de faire la lumière sur cette affaire et d’informer le public. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Evariste Ndayishimiye en 2020, les enquêtes sur la corruption impliquant des personnalités de premier plan se déroulent dans l’opacité, avec le SNR prenant souvent en charge les affaires.
Un autre problème soulevé est le manque d’indépendance de la Banque centrale du Burundi, qui est devenue un “service spécialisé de la présidence”. Cette interférence dans la gestion de la Banque centrale doit être corrigée, selon Faustin Ndikumana, président de l’organisation Parcem. Il appelle à une gestion professionnelle de la Banque centrale, indépendante de la présidence, et plaide en faveur d’un audit externe et indépendant de cette institution.