L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a réitéré son appel à la libération immédiate de Sandra Muhoza, journaliste au sein de La Nova Burundi, emprisonnée depuis avril 2024. La journaliste a été condamnée en décembre dernier à un an et neuf mois de prison en première instance, notamment pour avoir partagé un message dans un groupe privé sur WhatsApp, jugé comme une atteinte à l’intégrité du territoire national. Son procès en appel, prévu le 4 mars 2025, a été reporté à une date ultérieure.
Cette condamnation fait partie d’un contexte répressif grandissant à l’encontre des journalistes burundais, un environnement qui soulève des inquiétudes profondes au sein de la communauté internationale. Sadibou Marong, directeur du bureau de RSF pour l’Afrique subsaharienne, a dénoncé cette décision, qualifiant l’emprisonnement de Sandra Muhoza de “détention arbitraire”. Il a souligné que l’absence de transparence autour de son procès et de ses conditions de détention alimentent cette inquiétude croissante. Ces événements interviennent dans un climat de plus en plus hostile pour les journalistes au Burundi, où les libertés de presse sont sévèrement restreintes.
Depuis 2015, après une tentative de coup d’État manquée, la situation des journalistes au Burundi s’est nettement détériorée. Le pays, autrefois reconnu pour son dynamisme médiatique, a vu de nombreuses radios fermer ou être contraintes à l’exil, et beaucoup de journalistes burundais ont été forcés de fuir à l’étranger. La presse indépendante est désormais largement réduite, avec une forte autocensure parmi les journalistes locaux. Le pays est actuellement classé à la 114e place sur 180 dans le classement 2023 de RSF sur la liberté de la presse, une situation qui reflète la répression systématique des voix dissidentes.
Le contexte de cette détention s’inscrit dans un climat politique tendu, marqué par la persistance de tensions internes et des politiques répressives mises en place par le gouvernement. Après l’arrestation de Sandra Muhoza, cette affaire vient rappeler la situation difficile des médias au Burundi, où les journalistes sont régulièrement confrontés à des risques d’emprisonnement, de violence et de harcèlement. Ce climat précaire menace gravement la liberté d’expression et les droits fondamentaux des citoyens, en particulier ceux des journalistes qui osent critiquer le régime en place.
Les perspectives concernant l’affaire de Sandra Muhoza sont incertaines, d’autant plus que son appel, prévu pour le 4 mars, a été reporté sans indication claire de la nouvelle date. Ce retard pourrait signaler des tensions judiciaires au sein du pays, et suscite des préoccupations quant à l’absence de garanties d’un procès équitable. Toutefois, cette situation pourrait également attirer davantage d’attention internationale sur la situation des droits humains au Burundi, et inciter à des pressions diplomatiques en faveur de la libération de la journaliste.
Enfin, l’affaire Sandra Muhoza met en lumière l’isolement croissant du Burundi sur la scène internationale en matière de liberté de presse. Avec des journalistes en exil et une presse censurée, le pays se retrouve dans une position de plus en plus marginalisée au niveau mondial. RSF et d’autres organisations de défense des droits humains continueront de suivre de près l’évolution de cette situation, en espérant que la pression exercée conduira à un changement positif pour la liberté d’expression au Burundi.