Le Burundi a officiellement entamé sa campagne électorale pour les législatives et communales prévues le 5 juin prochain, malgré des accusations croissantes de musèlement de l’opposition. Le 9 mai, le pays a organisé une cérémonie de lancement grandiose, visant à démontrer l’unité politique et la stabilité démocratique. Cependant, cet événement a été largement boycotté par les principaux partis d’opposition, qui dénoncent un climat politique étouffant.
La cérémonie a été marquée par un défilé de milliers de candidats aux législatives et aux élections communales, accompagnés de drapeaux de tous les partis politiques. Les rues de la capitale Gitega ont été ornées de couleurs et de slogans, et des discours ont été prononcés, dont celui du président Évariste Ndayishimiye. Selon lui, cette initiative symbolise le renforcement de la démocratie au Burundi. « Ce jour est historique, car nous lançons tous ensemble, dans l’unité, la campagne électorale pour les prochaines élections », a-t-il déclaré.
Cependant, certains partis d’opposition, comme la coalition « Burundi bwa bose » et le CDP d’Anicet Niyonkuru, ont dénoncé l’événement et se sont abstenus de participer. Ces formations politiques mettent en lumière un manque de liberté politique, dénonçant des pressions policières constantes et un climat de répression qui empêche une véritable compétition électorale. Selon Niyonkuru, les autorités empêchent délibérément l’opposition d’exercer ses droits de manière sereine. Pour lui, la démocratie affichée n’est qu’une façade, masquant une situation où la majorité des Burundais souffrent.
Le contexte politique du pays reste particulièrement tendu. Depuis l’accession au pouvoir d’Évariste Ndayishimiye en 2020, le Burundi est accusé par de nombreux observateurs internationaux de restreindre les libertés publiques et de museler l’opposition. Ces accusations sont alimentées par des violences politiques récurrentes, des restrictions sur la liberté d’expression, et des tentatives d’intimidation contre les figures de l’opposition. Le climat préélectoral semble donc sous haute surveillance, avec des mesures strictes pour empêcher toute forme de contestation.
À l’approche du scrutin, les perspectives politiques restent incertaines. Bien que le gouvernement insiste sur la réussite d’une transition pacifique et démocratique, nombreux sont ceux qui estiment que le pouvoir continue de concentrer les leviers du contrôle, réduisant ainsi toute possibilité de concurrence équitable. Les partis d’opposition continuent de dénoncer une « démocratie de façade » et promettent de se battre pour que leurs voix soient entendues. Cependant, sans réformes significatives, il semble peu probable que ces élections puissent refléter une véritable volonté populaire.
La question de la représentativité politique demeure un point clé du débat. Alors que le gouvernement se félicite de l’organisation de ces élections, les partis de l’opposition persistent à dénoncer une manipulation du processus électoral. Le cas d’Agathon Rwasa, leader historique de l’opposition, illustre cette problématique. Empêché de se présenter aux élections en raison de mesures restrictives, son exclusion soulève des interrogations sur la transparence et l’équité du processus électoral.