Cavaye Yéguié Djibril, à 84 ans, entame sa 33e année consécutive comme président de l’Assemblée nationale camerounaise. Sa longévité politique est remarquable, s’étendant sur 54 ans de députation, une période au cours de laquelle il a su conserver la confiance du président Paul Biya, témoignant ainsi de son influence et de son rôle crucial au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
Le 22 mars 2024 marque pour Cavaye une victoire retentissante contre ses détracteurs, certains ayant anticipé sa chute. Ces prédictions s’appuyaient sur des événements récents, dont l’annulation d’un forum de haut niveau par le président Biya, événement que Cavaye avait initialement orchestré, ainsi qu’un rapport accablant sur des pratiques peu recommandables au sein de l’Assemblée. Malgré ces obstacles, sa réélection en tant que président de l’Assemblée nationale a semblé n’être qu’une formalité, consolidant sa position.
Cavaye Yéguié Djibril, depuis son entrée à l’Assemblée nationale en 1970, a su grimper les échelons jusqu’à la présidence de cette institution en 1992. Cette ascension a été facilitée par un réaménagement des équilibres géopolitiques par Paul Biya, qui a favorisé l’ère francophone à la présidence de l’Assemblée, mettant fin à la période anglophone. Cette manœuvre a marqué le début de la longue présence de Cavaye au perchoir.
Malgré les controverses et les accusations de mauvaise gouvernance, Cavaye a réussi à maintenir sa position de pouvoir, souvent perçu comme un pilier du RDPC et un loyal serviteur de Paul Biya. Son rôle s’est étendu au-delà de la présidence de l’Assemblée, influençant les nominations et les décisions au sein de cette institution. Cette emprise témoigne de sa capacité à naviguer dans les eaux troubles de la politique camerounaise, tout en assurant une certaine stabilité pour le parti au pouvoir.
Au fil des années, Cavaye a façonné l’Assemblée nationale à son image, consolidant son influence mais aussi suscitant des critiques quant à la centralisation du pouvoir et à l’intégrité de l’institution. Les débats sur sa succession et l’avenir de l’Assemblée nationale restent vifs, avec des appels croissants à une réforme en profondeur des pratiques parlementaires.
Alors que Cavaye Yéguié Djibril s’apprête à entamer une autre année à la présidence de l’Assemblée nationale, l’attention se porte désormais sur les prochaines élections et sur la capacité du système politique camerounais à évoluer. Les questions autour de la gouvernance, de la transparence et de la démocratie restent prépondérantes, plaçant Cavaye, malgré lui, au cœur des discussions sur l’avenir politique du Cameroun.