Le 24 mars 2025, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), le parti du président Paul Biya, célèbre ses 40 ans d’existence. À l’approche des élections présidentielles prévues pour octobre, le RDPC, dont Biya est le leader incontesté depuis sa création en 1985, se prépare à affronter un scrutin où il pourrait une nouvelle fois présenter le président âgé de 92 ans comme son candidat. La décision officielle du président, bien que toujours attendue, n’entame en rien la préparation de la machine politique du parti, qui se montre déjà prête à remporter cette nouvelle bataille électorale.
Le RDPC voit le jour à Bamenda, dans la région anglophone du Cameroun, en 1985, dans un contexte de tensions politiques internes. À l’époque, Paul Biya, au pouvoir depuis trois ans, fait face à des crises importantes. L’une d’elles résulte du retrait de son prédécesseur, Ahmadou Ahidjo, qui, après avoir démissionné de la présidence, continue d’exercer une influence en tant que leader de l’Union Nationale Camerounaise (UNC), le parti unique qui dominait alors la scène politique. Leurs différends marquent un tournant, et Ahmadou Ahidjo tente en vain d’instaurer un système bicéphale au sommet de l’État. Quelques mois plus tard, une tentative de coup d’État en avril 1984 fragilise davantage le pouvoir de Biya, qui, pour asseoir son autorité, décide de créer le RDPC, un parti destiné à renforcer sa position et à lui garantir un contrôle politique sans partage.
Avec l’introduction du multipartisme en 1992, le RDPC se trouve confronté à un nouvel environnement politique, loin du confort du parti unique. Lors des premières élections pluralistes, il doit faire face à une opposition grandissante, portée par des aspirations au changement. Le RDPC, habitué à une domination sans partage, perd du terrain et doit nouer des alliances, notamment avec le MDR, pour maintenir sa majorité au Parlement. Cette année-là, Paul Biya, bien que réélu à la présidence, voit son pouvoir contesté et doit faire face à une opposition farouche dirigée par Ni John Fru Ndi du SDF. Ce tournant dans l’histoire du RDPC marque le début d’une longue période de reconquête, où le parti mettra tout en œuvre pour récupérer ses positions dans les institutions.
Depuis ces élections de 1992, le RDPC n’a cessé de renforcer son emprise sur les différentes institutions camerounaises. Au fil des années, le parti a reconquis une majorité écrasante au Parlement, dans les conseils municipaux et régionaux, reléguant l’opposition à une position marginale. À ce jour, l’opposition n’a plus qu’un faible pouvoir d’influence dans les instances politiques, malgré quelques victoires locales. Cette concentration du pouvoir entre les mains du RDPC a permis à Paul Biya de maintenir une stabilité politique qui, selon les critiques, repose sur un système de gestion autoritaire et de contrôle serré des institutions démocratiques.
À l’approche des élections de 2025, la question de la candidature de Paul Biya, à 92 ans, est au centre des débats. Alors que son âge avancé et son long règne soulèvent des interrogations sur l’avenir politique du Cameroun, le RDPC semble prêt à tout pour préserver son hégémonie. La machine électorale du parti est déjà en action, avec des stratégies de mobilisation et des alliances politiques en gestation. Cependant, cette élection pourrait s’avérer plus disputée que les précédentes, avec une opposition qui, bien que fragmentée, tente de s’organiser pour contrer l’influence du parti au pouvoir. Les mois à venir seront cruciaux pour déterminer si le RDPC pourra maintenir son contrôle ou si le Cameroun amorcera une nouvelle phase politique.
De nombreux observateurs et acteurs politiques affirment que le RDPC, bien que solide en apparence, est loin d’être à l’abri des contestations internes. Des membres du parti reconnaissent que les divisions internes, notamment sur la question de la succession de Paul Biya, commencent à s’intensifier. Certains cadres du RDPC, de plus en plus préoccupés par la pérennité du système, expriment des doutes sur la capacité du président à diriger à long terme. Parallèlement, dans les régions où le RDPC a historiquement eu un contrôle ferme, des signes de lassitude se font sentir, notamment chez les jeunes qui réclament un renouvellement des dirigeants et des pratiques politiques.