Le professeur Jean Calvin Aba’a Oyono, l’un des plus proches conseillers de Issa Tchiroma Bakary, a été arrêté ce samedi matin à son domicile de Yaoundé. Cette interpellation survient quelques heures après celles de deux autres figures du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), Anicet Ekane et Djeukam Tchameni, arrêtés la veille à Douala. Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a confirmé les arrestations et averti que d’autres pourraient suivre dans les prochains jours.
Selon plusieurs sources, le professeur Aba’a Oyono a été conduit sans résistance par des gendarmes en civil vers une destination inconnue. Cet ancien soutien de Maurice Kamto fait partie du groupe restreint ayant élaboré la stratégie de campagne de Issa Tchiroma Bakary. Depuis le 12 octobre, il participait activement aux discussions internes autour des revendications de victoire du candidat du FSNC, que le gouvernement accuse désormais de fomenter un plan de déstabilisation.
Deux jours avant son arrestation, le professeur Aba’a Oyono avait déjà été refoulé de l’aéroport de Garoua, alors qu’il rejoignait Tchiroma pour des réunions de travail. Cet incident annonçait le durcissement du climat politique autour de l’ancien ministre de la Communication, désormais dans le viseur des autorités. L’arrestation de plusieurs de ses collaborateurs s’inscrit dans une série d’interpellations ciblées de figures politiques accusées de troubler l’ordre public après le scrutin contesté.
Lors d’un point de presse tenu à Yaoundé, Paul Atanga Nji a affirmé que ces interpellations s’inscrivent dans le cadre de la neutralisation d’un prétendu “plan insurrectionnel savamment orchestré” par le camp de Tchiroma Bakary. Il a indiqué que les services de sécurité poursuivent leurs investigations et n’excluent pas d’autres arrestations. Ces déclarations renforcent la thèse officielle d’une riposte préventive face à ce que le gouvernement qualifie de menaces à la stabilité nationale.
Dans un communiqué publié en réaction, Issa Tchiroma Bakary a dénoncé “des méthodes bien connues” et appelé ses partisans à ne pas céder à la peur. Il a maintenu son mot d’ordre de manifestation pour la journée de dimanche, en signe de contestation contre ce qu’il considère comme une répression politique. Ce nouvel épisode confirme la montée des tensions entre le FSNC et les autorités, dans un contexte où la contestation post-électorale prend des allures d’affrontement ouvert.
L’enchaînement des arrestations traduit la volonté du pouvoir de couper court à toute mobilisation contestataire autour de Tchiroma. En s’attaquant à ses conseillers les plus influents, le gouvernement cherche à isoler le candidat et à neutraliser les relais de son mouvement. Mais cette stratégie pourrait aussi radicaliser une partie de sa base militante, déjà convaincue que la victoire de leur leader a été confisquée. Le bras de fer engagé entre le FSNC et le régime pourrait donc s’intensifier dans les jours à venir.



